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le Kaléidoscope....
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19 novembre 2012

Le mariage pour tous: Question de principe républicain.

Alors que le projet de loi sur le « mariage pour tous » arrive à l’Assemblée Nationale, de nombreux opposants à cette réforme manifestent et crient leur dédain aux noms des valeurs « familiales » ou « religieuses ». Dimanche 18 novembre 2012, cette opposition de positions s’est transformée en agressions physiques contre les féministes « Femen » et les journalistes présents, lors d’une manifestation anti mariage gay organisée (ou du moins récupérée) par l’ « Institut Civitas », catholique intégriste, proche de l’extrême droite. 

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De façon identique, le camp conservateur profite amplement de son exposition médiatique liée à l’élection chaotique de leur « président à eux » pour critiquer amèrement la question arguant sans relâche qu’il ne s’agit que d’un sujet de société mineur et considérant qu’il y a plus urgent à faire dans une France qui vit mal la crise économique actuelle. Il est indéniable que cette droite là poursuit son « coming out » et sa dérive vers les idées extrémistes.

 

En 2012, une étape symbolique fut franchie lors de la campagne présidentielle lorsque François Hollande s’était prononcé en faveur du mariage et de l’adoption pour les couples du même sexe. En effet, prés de 10 ans après le PACS initié par la gauche et quelques mois après son élection, le gouvernement socialiste s’apprête à passer le pas. Il s’agit en premier lieu d’une volonté d’intégrer les familles homoparentales au paysage familial contemporain. En cela, il est nécessaire qu’une prise de conscience collective s’effectue à une époque où une majorité d’homosexuel(e)s demandent  simplement à être considérée comme des citoyens, comme les autres et ne veulent plus suivre les mouvements de ghettoïsation initiés dans les années 80.

 

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Dans le Démariage en 1993, puis dans Couple, filiation et parenté aujourd’hui en 1998, la sociologue, Irène Théry avait exprimé sa réticence à la dénomination « mariage »pour les gays lui préférant la terminologie « Union civile » pensant (comme Jean Carbonnier) qu’un mariage reposait uniquement sur une présomption de paternité.

La société française a changé depuis et Irène Théry considère désormais que la présomption de paternité n’est plus le « cœur » du mariage en raison de l’effacement de la distinction entre filiation légitime et naturelle. En effet, selon elle, « Autrefois, la différence entre enfant légitime et enfant naturel était organisatrice de toute la vie sociale et le mariage avait ainsi un sens de reconnaissance de paternité. Aujourd’hui, se marier ou non relève de la conscience personnelle et les enfants ont exactement les mêmes droits, que leurs parents soient mariés ou non ».

En raison de cette dissociation de la filiation et de la conjugalité dans le droit et dans la société, il deviendrait moralement discriminatoire de refuser et l’un et l’autre (le mariage et l’adoption).

 

Rappelons qu’en mai 2012, peu après François Hollande, Barak Obama, le président des USA, affirmait que « le mariage gay était  l’enjeu civique le plus important du moment ». Six mois avant les élections présidentielles américaines, le président en exercice prenait le risque de perdre une partie de son électorat afro-américain et latino religieux très hostile à cette approche.

Cette prise de position risquée ne fait que confirmer l’urgence exprimée à vouloir considérer « la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables (…) de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde » telle que l’exprime la Déclaration Universelle des droits de l’Homme du 10 décembre 1948.

N’oublions pas non plus que de nombreux Etats ont déjà ouvert le mariage civil aux couples homosexuels (Afrique du Sud, Argentine, Belgique, Canada, Danemark, Espagne, Islande, Norvège, Portugal, Suède…) d’où l’incompréhension des homosexuels vivants dans les pays les plus riches qui se disent « civilisés ».

Pour les opposants au mariage pour tous, cela est une question de « Valeurs ». Ainsi après les débats sur l’identité nationale (pour ne pas dire  immigration ou intégration), pour eux c’est au tour d’un débat sur le mariage pour tous (pour ne pas dire sur l’Homosexualité).

Quelles contradictions ! Comment peut on demander aux musulmans de conserver leur religion  « à la maison »  avant d’aller manifester  soi-même sa foi intégriste dans la rue !

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Mais quelles sont les valeurs de la France ? Les valeurs  ne sont elles pas  celles de la république française : liberté d’expression, Respect, Tolérance, Laïcité.

Notre devise est ultra symbolique de nos valeurs : Liberté, Egalité, Fraternité 

La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 définissait dans son article 4: « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi. ».

Dans l’article 10 de ce texte, « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi » ; en 1793 la notion égalitaire est complétée par « l’égalité consiste en ce que la loi est la même pour tous, soit qu’elle protège soit qu’elle punisse. L’égalité n’admet aucune distinction de naissance, aucune hérédité de pouvoir. ».

La notion de fraternité fut ajoutée sur proposition du célèbre Jean Baptiste Belley (premier député français « noir », pour l’ironie de l’histoire) en 1795 « Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fît ; faites constamment aux autres le bien que vous voudriez en recevoir. ».

 

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Alors « non » la loi pour « le mariage pour tous » est loin d’être secondaire et il est urgent que la représentation nationale la vote car il s’agit d’une question de principe « constitutionnel »

Alors  « oui » le comportement de tous les intégrismes est à bannir et il est important de dissoudre les groupuscules qui « avec les excès pathétiques de cette manifestation, avec violences et coups (…) qui prétendent défendre les valeurs du christianisme ont fait sauter sans honte ni vergogne un principe de base des sociétés humaines, qui est qu’un homme ne frappe pas une femme » tel que le préconise la député de l’Hérault Anne Yvonne Le Dain.

 

Laurent Beaud.

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