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le Kaléidoscope....
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23 janvier 2013

Le nouveau discours social du Front National ?

Le 22 avril dernier, à l’occasion du premier tour de l’élection présidentielle, le Gard fut le seul département français à avoir placé le Front National en tête du suffrage. Ce résultat a eu pour incidence de focaliser l’attention des médias sur notre région. Bien sûr, cela nous a interpellé mais surtout a eu le mérite de nous obliger à travailler sur les raisons de ce résultat.

Dans sa contribution thématique Comprendre les raisons du vote Front National. Trouver les moyens de stopper sa progression. la socialiste Katy Guyot écrivait « La victoire de Gilbert Collard aux législatives prouve que le mal est profond et que l’électeur s’y abandonne d’autant plus facilement que le FN revendique un nouveau discours social sous un vernis de fausse respectabilité. Mais l’extrême droite, avec ces nouveaux oripeaux, reste l’extrême droite. Celle qui dans l’Histoire a toujours été du côté des dictatures contre la République, des exploiteurs contre les salariés et leurs syndicats, des puissants contre le peuple ; celle qui fait toujours de l’immigré le bouc émissaire des malheurs de la société. ». 

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Dans le Kaléidoscope, j’ai pu rappeler à de multiples reprises mon refus de l’ensemble des formes d’extrémismes de par le fait qu’ils demeurent dangereux pour la cohésion sociale, le vivre ensemble et la démocratie. Pourtant peu à peu, les idées du Front National ont peu à peu pris le dessus sur les divers débats politiques. Depuis quelques temps, l’extrême droite française ne se contente plus de s’intéresser aux thématiques qui lui sont chères comme l’insécurité, l’immigration ou l’Europe. Le Front National et ses satellites tentent de décliner leurs idées sous l’aspect social, se réclamant être la voix des modestes, la parole d’un monde ouvrier que les partis traditionnels dits de « Gouvernement » auraient oubliée.

Alors, Pourquoi ce changement de stratégie de communication ? Et tout cela est-il si neuf qu’il y paraît ?

S’il est une évidence, il nous faut toutefois rappeler que le Front National est un parti d’essence très libérale qui a toujours usé du stratagème des symboles pour s’insérer dans le paysage politique français. Bien au delà du culte exacerbé du chef, ses tentatives d’appropriation du drapeau tricolore ou de l’hymne national n’avait pour buts que de véhiculer l’image d’un mouvement se voulant inscrit dans le respect des traditions républicaines. Sa stratégie de communication se concentrait essentiellement sur l’axe de la victimisation.

 

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Lors des dernières élections présidentielles et législatives, le Front National a mené une offensive idéologique d’une ampleur inégalée en recourant  à un discours prétendument social. En pleine période de crise, le vocable « préférence nationale » résonna de façon particulière auprès de ceux qui souffraient du chômage et de disqualification sociale. Et peu importe finalement pour eux que cette « préférence nationale » dissimulait à peine un profond racisme qui n’est pas sans rappeler les thématiques pétainistes des années 40. S’accaparant les symboles et les thèmes républicains, le Front National gagne inexorablement sur le champ sémantique.

De même, durant la campagne de Nicolas Sarkozy, la drague incessante de la droite républicaine vers l’électorat du FN et l’usage d’un certain nombre de thématiques, a abouti au fait que l’UMP a légitimisé les idées frontistes au point que les digues furent rompues. Les immigrés ont servi d’exutoire à l’incapacité du gouvernement Fillon de trouver des remèdes à la crise, à l’injustice de ses politiques économiques antisociales.

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Mais tout cela n’est pas si neuf. Pierre André Taguieff dans La couleur et le sang avait expliqué cette corrélation entre idéologies sociales  et doctrines racistes à la française se penchant sur la personnalité et les travaux de  Vacher de Lapouge. « Dans Les Sélections sociales (1896), Lapouge soutient  contre les nationalistes xénophobes de son temps, que la race est une catégorie strictement zoologique. Toute société ou toute nation se compose d’individus appartenant à des races diverses et inégales. (,,,) sur la base de cette distinction , Lapouge construit une caractérologie différentielle des races dont le postulat illustre  le déterminisme biologique le plus strict. (…) La  première thèse fondamentale de la théorie sélectionniste est que « l ‘évolution est presque tout entière le fait de la sélection », mais que, « chez l’Homme, la sélection sociale prime la sélection naturelle ».

Ainsi Vacher de Lapouge, socialiste militant (l’un des fondateurs du Parti ouvrier français de Jules Guesde avant de rejoindre la SFIO) fut l’un des théoriciens de l’eugénisme et à l’origine des doctrines racistes les plus sombres. Sous-bibliothécaire à l’université de Montpellier, candidat socialiste aux élections municipales, la personnalité même de Lapouge amène encore dans la famille progressiste un malaise. Ses très nombreux écrits ont largement inspiré la montée des nationalismes et des fascismes au début du XXème siècle. Cela   démontre également que la stratégie de communication actuelle du Front National et son choix de déclinaison de ses idées auprès d’un électorat populaire sont bien plus anciens qu’ils peuvent y paraître.

Alors quelle est la réalité électorale dans les milieux sociaux les plus modestes ?

Depuis que le politologue et sociologue spécialiste des comportements électoraux et de l’extrême droite en France et dans l’Europe, Pascal Perrineau, a forgé l’expression de gaucho-lepénisme, le Front National est de plus en plus souvent présenté comme le parti des ouvriers.

Effectivement, le Front National reste en tête chez les ouvriers, et ce depuis les années 90. De 25% à la présidentielle de 2007, la proportion de ces derniers attirés par l’extrême droite est passé à 35% pour celle de 2012, Cette insistance à faire du vote FN un vote ouvrier n’est toutefois pas justifié dans les faits.  Pascal Perrineau rappelle « Dans le dernier recensement, on a compté 24% d’ouvriers dans la population active, soit environ 6,6 millions. La population âgée de 18ans et plus s’élevant à 50 millions environ, les ouvriers n’en constituent donc que 13%. Comme cette catégorie sociale s’abstient un peu plus que la moyenne et comporte plus d’étrangers, l’électorat ouvrier se monte au plus à 13% de l’électorat total. Que 25% ou 35% des ouvriers votent FN signifie en terme de suffrages 3% et 4% du total respectivement.. (…) Les ouvriers représentent donc entre un quart et un cinquième des électeurs du FN. Il serait instructif de se pencher sur les trois quarts ou les quatre cinquièmes restant, ces non ouvriers qui forment le gros de la troupe lepéniste ».

Beaucoup de commentateurs politiques ont alors constaté qu’en 2012 le vote du monde rural en faveur du Front National progressait. « Le vote du monde rural en faveur du FN se vérifie, c’est quelque chose qui est en augmentation depuis longtemps », analyse le sociologue Sylvain Crépon. « Mais attention, ce n’est pas un vote paysan, c’est le petit prolétariat des zones rurales, ou éventuellement des néo-rurbain qui ont quitté des cités HLM, qui ont accédé à la propriété, qui sont ce qu’on appelle ‘des petits blancs’ qui ont apporté avec eux toutes les problématiques qu’ils ont intégré lorsqu’ils étaient en banlieue », constate t’il.

Alors quelles sont les solutions pour stopper la progression des idées de l’extrême droite ? 

Il y a tout d’abord urgence d’attaquer le Front national sur ses propositions en démontrant qu’il est un parti anti-social, raciste, réactionnaire et liberticide (en témoigne son refus de l’IVG, du mariage pour tous et de l’accès au vote des étrangers). Il faut également et nécessairement reconquérir la sémantique. Sur les mots fort justes de la contribution de Katy Guyot « les termes ‘social’ ‘solidarité’ ne trouvent plus aujourd’hui d’écho favorable auprès de la majorité de nos compatriotes. En revanche, le terme ‘d’assistanat’ fait florès. On le retrouve en de nombreuses occurrences, qu’elles relèvent de la sphère médiatique ou tout simplement de l’échange entre collègues de travail. La sémantique est la partie visible de l’iceberg des valeurs. Et force est de constater que le discours social a perdu beaucoup de terrain sur le discours libéral. La compétitivité contre la solidarité ; l’intérêt particulier contre l’intérêt général… Il faudra reconquérir les territoires perdus. Mais cette reconquête ne peut pas se réduire à la seule déconstruction d’un programme ou au combat des valeurs et des mots. ».

Bien sur, stopper la propagation des idées nauséabondes des extrémistes sera d’autant plus aisé que le gouvernement socialiste de Jean Marc Ayrault réussira la mise en place d’une politique permettant le retour de l’espoir des plus modestes mais également la mise en place d’une véritable justice sociale dans les réformes à accomplir.

A l’heure ou l’Homophobie et le racisme persiste dans notre société française dite civilisée, il est temps de mettre en place les deux réformes « sociétales » promises que sont Le mariage pour tous et le droit de vote des étrangers.

Laurent Beaud

P.S. Droits de vote pour tous les résidents étrangers dès 2014. 

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"Le suffrage universel a été une longue conquête dans l’histoire de la République.

Si, en 1793, lors de la Révolution, la première République en adopta le principe, il fut réellement mis en œuvre par la IIe République, après la Révolution de 1848. Mais le suffrage resta limité aux hommes jusqu’en 1944, lorsque fut enfin instauré, à la Libération, le droit de vote pour les femmes. Trente ans plus tard, en 1974, l’âge du droit de vote fut abaissé de 21 à 18 ans.

En 1998, les étranger(e)s citoyen(ne)s des pays de l’Union européenne résidant en France ont été admis(es) au vote et à l’éligibilité pour les élections municipales et au Parlement européen.

En mai 2000, l’Assemblée nationale vote une proposition de loi accordant le droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales pour les étranger(e)s extracommunautaires, qui résident légalement sur le territoire depuis cinq ans au moins. Le Sénat, à son tour, le 8 décembre 2011, adopte cette même proposition. Il reste à mettre en œuvre la révision constitutionnelle nécessaire.

De nombreux(ses) responsables politiques de gauche, et aussi du centre et de droite, se sont exprimé(e)s en faveur de ce droit.

En 2012, lors des élections présidentielles et législatives, la nouvelle majorité a inscrit cette réforme dans son programme. Conformément à ses engagements dans sa déclaration de politique générale, le Premier ministre, en juillet puis en septembre 2012, a promis qu’il y aurait un projet de loi en 2013.

Près de deux millions et demi d’étranger(e)s extracommunautaires vivent et travaillent dans des communes où elles/ils participent à la vie locale et paient des impôts. Nombre d’entre elles/eux sont responsables d’associations, délégué(e)s de parents d’élèves, délégué(e)s syndicaux(cales)...

La vie locale est un lieu essentiel de la vie démocratique et il n’existe aucune raison pour que toutes celles et tous ceux qui résident sur ces territoires n’y participent pas de façon égale. Il est temps de franchir une nouvelle étape pour l’élargissement du suffrage universel, la démocratie, la cohésion sociale et pour l’égalité des droits.

Les promesses électorales faites depuis plus de trente ans, approuvées par les électeurs(trices) à au moins quatre reprises, depuis 1981, doivent maintenant être tenues."

Signez la pétition pour  un véritable suffrage universel !

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