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le Kaléidoscope....
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5 avril 2014

L'économie sociale et solidaire: Faire le choix du réel et de l'humain...

Dans La montée de l’insignifiance,  quatrième volet des carrefours du Labyrinthe IV. (1996), Cornelius Castoriadis approfondit sa vision autour du concept de projet d’autonomie et d’émancipation à l’œuvre dans la dimension social-historique, spécifiquement depuis l’entrée de l’occident dans la modernité à partir de la renaissance. Il décrypte de façon très originale les mouvements sociaux des années soixante. Selon lui, l’échec du marxisme-léninisme et celui de ces mouvements ramènent à un idéal quasi utopique d’émancipation pour une société autonome et consciente de sa possibilité de s’auto-instituer et de se prendre totalement et réellement en charge, surtout afin de s’éloigner de cette crise au sein de la société occidentale.

« Ce qui est requis est une nouvelle création imaginaire (…) qui mettrait au centre de la vie humaine d’autres significations que l’expansion de la production et de la consommation, qui poserait des objectifs de vie différents pouvant être reconnus par les être humains comme valant la peine. ».

Entre inquiétude et espérance!

 Au lendemain d’un scrutin municipal qui a été marqué par la défiance du politique et l’abstention massive de nos concitoyen-ne-s, un de mes amis me transmettait un message entre "inquiétude et espérance".

« Militant de base à gauche depuis 1980, je ne m’étais investi jusqu’ici que sur des débats qui touchaient à l’évolution de la société et à l’avenir des générations futures. (…)

Une mise en situation qui allait me permettre d’enclencher le dialogue avec des centaines de personnes et de porter un regard sur leurs « espérances ». En fait, pour de nombreux jeunes rencontrés dans les quartiers, plutôt que d’« espérance », je devrais plutôt parler de « désespérance » ; de celle qu’ils manifestaient en m’indiquant qu’ils n’iraient pas voter. Une « désespérance » qui a également été affichée par les nombreux montpelliérains qui ont voté Front National au premier tour et qui, en reportant leur vote au second tour sur les listes « perçues » comme extérieures aux pouvoirs en place, ont fait savoir que leur geste était essentiellement lié à leur souffrance. Une « désespérance » qui amène de nombreux citoyens et beaucoup de jeunes à avoir le sentiment que la société les mets à l’écart. Une « désespérance » en grande partie assise sur les reproches qu’ils font à la classe politique et qu’ils synthétisent à travers leur perception négative de la motivation des élus. Des élus qu’ils estiment : soit empêtrés dans des idéologies les rendant incapables de s’ouvrir réellement aux autres, soit motivés par une ambition personnelle que la crise rend aujourd’hui politiquement et médiatiquement très forts.

S’il est indéniable qu’une partie de la classe politique relève de leur analyse, il est également indéniable qu’il existe de « belles personnes » dont l’ambition est de rendre l’« espérance » à tous et particulièrement aux jeunes.  (…)

Certes, aujourd’hui les porteurs de ces réflexes politiques humanistes ont du mal à émerger, mais nous devons aujourd’hui impérativement imaginer, comment nous pouvons nous organiser pour ouvrir avec eux les portes de l’« espérance » aux citoyens qui vivent dans la souffrance et plus particulièrement aux jeunes, à tous les jeunes. »

Cette analyse sans concession rejoint les données d’une équation que j’ai posée à de multiples reprises ces derniers mois. En effet, il est indispensable de mettre en corrélation difficultés liées au développement des territoires, problématiques d’urgence renforcées par les crises (chômage, logement…) et désir d’appréhender l’économique et le social sous un angle différent. Il s’agit d’une volonté d’associer efficacité, citoyenneté et justice sociale, pour laquelle l’une des solutions est l’Economie Sociale et Solidaire.

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Le 7 janvier 2014, France Culture dans son émission Les Matins, portant sur les relations entre Géographie, Démographie et Politique, Marc Voinchet avait invité Hervé Le Bras (démographe, directeur d'études à l’INED et enseignant à l’EHESS) et Béatrice Giblin-Delvallet (géopoliticienne, ancienne élève d’Yves Lacoste, ancienne directrice de l’IFG à Paris VIII) pour discuter des interactions entre politiques et territoires, notamment sur les enjeux de la création de l’entité « métropole » et sur les représentations liées à l’emploi. Sachant que les idées reçues véhiculaient bien des préjugés et que les combattre est une obligation citoyenne, j’ai porté une analyse sur le vécu montpelliérain qui paradoxalement se situe entre développement démographique, paupérisation grandissante et existence de pistes économiques d’avenir (Transition énergétique, ESS, French Tech...)

Entre inquiétude et espérance, Jean-Marc Brulé, président de l’atelier, centre de ressources régional de l’ESS et Eric Forti, président du CRESS Ile de France, signaient une tribune dans libération intitulée Désespoir des Français : Et pourtant il y a l’économie sociale et solidaire portant un regard similaire.

« Déroute, claque, fiasco. Peu importent les qualificatifs : les résultats des élections municipales du 30 mars traduisent l’exaspération des Français. Plus qu’une exaspération, une soif de renouveau, de vrai changement. Nos concitoyens ne demandent pas la lune ! Ils veulent un emploi, un logement, plus de justice sociale et plus de facilités pour entreprendre. En d’autres termes, de l’espoir et des perspectives d’avenir.

Les anciennes recettes ne fonctionnent plus. Il est temps de mettre un grand coup de pied dans la fourmilière, ou plutôt dans l’économie. Une économie dont les modes de fonctionnement et de non-redistribution des richesses sont – faut-il le rappeler − à l’origine de la crise que nous vivons depuis bientôt dix ans. Le gouvernement précédent avait pourtant senti les choses : volonté de relocaliser l’économie avec la promotion du made in France, soutien au crowdfunding pour pallier les faiblesses des banques et favoriser l’entrepreneuriat, renforcement de la place de l’humain dans l’économie avec la création d’un ministère délégué à l’Economie sociale et solidaire et un texte de loi assurant le développement de cette économie d’avenir.

Cette loi prévoit, entre autres choses, des dispositifs de financement et des leviers de développement de l’économie sociale et solidaire. Cette économie est basée sur la démocratie, se compose d’entreprises qui répondent aux besoins sociaux et environnementaux des citoyens et favorise une juste redistribution des bénéfices. Vous la connaissez ! Ce sont les associations, les mutuelles, les coopératives et les entreprises sociales. Représentant 10% de l’emploi, elles ne font décidément pas partie d’une économie marginale. Ce sont ces entreprises qui innovent socialement sur le champ de la santé, du commerce équitable, de l’agriculture biologique, de l’environnement, ou encore de l’insertion des personnes en situation d’exclusion… Elles créent des emplois, proposent de nouvelles solutions face aux défis sociétaux et sont des modèles d’engagement pour les jeunes de notre pays. Elles sont un formidable réservoir d’espoir, d’idéal, dans une société touchée par une crise profonde et majeure sans précédent.

(…) Le nouveau gouvernement et le chef de l’Etat ont la responsabilité de soutenir l’économie sociale et solidaire. Elle a prouvé qu’elle était efficace, créatrice d’emplois et indispensable à la société parce qu’elle porte en elle une bonne partie des réponses à la crise et aux injustices que connaissent ceux qui ont voté pour les extrêmes ou qui se sont abstenus.

L’économie sociale et solidaire prouve que tout n’est pas perdu. Que chaque citoyen peut changer la donne à son échelle, que travail peut rimer avec justice et bien-être, que l’entreprise peut créer de la richesse en préservant l’environnement (et ses salariés), que les décideurs politiques peuvent proposer de nouveaux horizons à leurs électeurs. Ne perdons plus de temps : il est urgent de développer l’économie sociale et solidaire. »

Retour vers le futur : Qu’est ce que l’Economie Sociale et Solidaire ?

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Bâtie sur des valeurs de partage, l’Économie Sociale et Solidaire est une économie de proximité, au service d’un autre modèle de développement, qui crée du lien social et répond à des besoins sociétaux non couverts sur le territoire.

Avec comme ambition première de remettre l’Homme au cœur de l’économie, de remettre le réel au cœur de l’économie, elle emploie 2,3 millions de personnes en France et continue de recruter malgré la crise !

L’Economie Sociale se définit par les statuts des structures qui la composent : associations, coopératives, mutuelles et fondations. Elles défendent la primauté de l’homme sur le capital et supposent une gestion collective des organisations. L’Economie Sociale plonge ses racines dans le mouvement ouvrier du XIXème siècle et sa résistance à la logique productiviste de la révolution industrielle. Face à leurs conditions de vie précaires, les travailleurs inspirés par des penseurs du socialisme utopique (Saint Simon, Charles Fourier…), se sont organisés et ont créé des sociétés de secours mutuels, des comptoirs alimentaires et des coopératives de production.

L’Economie Solidaire rassemble les organisations dont l’objectif premier est l’utilité sociale. Elle naît dans les années 1970 pour répondre aux nouveaux besoins des populations, touchées notamment par le chômage et l’exclusion sociale. Ses acteurs apportent des réponses à ces préoccupations à travers, par exemple, les structures d’insertion par l’activité économique (IAE) et l’entreprenariat social. Par ailleurs, ils proposent d’autres façons de produire, de consommer et d’échanger, comme le commerce équitable ou le maintien d’une agriculture paysanne respectueuse de l’environnement.

Ces deux mouvements sont complémentaires, l’Economie Solidaire a revitalisé les valeurs défendues par l’Economie sociale : une économie au service de l’homme et non fondée uniquement sur l’acquisition de capitaux.

Aujourd’hui, ce mode d’entreprendre se concrétise par des entreprises et initiatives émanant de personnes, physiques ou morales, il a pour finalité de répondre aux besoins des territoires de manière durable et inclusive, en associant toute les parties prenantes.

En ce sens par leurs pratiques innovantes, elles poussent l’ensemble de la société vers une démarche de progrès sur les questions d’utilité sociale, de gouvernance partagée et d’environnement. Les entreprises et initiatives sociales et solidaires ont une fonction sociale de formation et d’éducation à la coopération économique et doivent pouvoir exercer ce rôle de manière plus importante avec l’appui des pouvoirs publics. En sommes elles catalysent des changements sociétaux profonds.

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L’ESS doit ses réussites à la multiplicité de ses acteurs et aux valeurs qu’ils défendent ; Ils développent aujourd’hui de nombreux projets, dans des domaines variés : consommation responsable, circuits courts, pôles territoriaux de coopération économique (PTCE), outils financiers responsables et solidaires comme La Nef, ainsi que dans le domaine du logement, de la santé.

Ces entreprises reposent sur les principes suivants :

  •  Primauté de la personne humaine sur le Capital,
  •  Propriété collective, fondée entre autre sur l’impartageabilité des réserves,
  •  Liberté d’adhésion,
  •  Démocratie dans la gouvernance : « 1 personne = 1 voix » (au contraire du « 1 action = 1 voix »),
  •  Double qualité des membres à la fois producteurs et bénéficiaires du service rendu ou du bien produit,
  •  Règles d’affectation des résultats reposant sur la « non lucrativité » ou la « lucrativité limitée » posant ainsi de façon différente les modalités de leur répartition.

L’ESS fait partie de notre quotidien sans que l’on s’en rende vraiment compte.

Envie de faire du sport ? Je m’inscris à l’association sportive du quartier.

Besoin de refaire l’installation électrique de la maison ? Je fais appel à une coopérative du bâtiment installée depuis peu dans ma ville.

Besoin d’une complémentaire santé ? Je souscris à une mutuelle de santé.

Cette association, cette coopérative et cette mutuelle font partie de l’ESS. Sans le savoir, nous faisons donc appel chaque jour à des acteurs et des structures de l’ESS. Cette économie pas tout à fait comme les autres, qui regroupe associations, mutuelles, coopératives et fondations, est régie depuis ses origines par des principes et des valeurs spécifiques qui fondent son utilité sociale.

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Ainsi 19 millions de français adhèrent à une mutuelle de santé, près de 22 millions sont sociétaires d’une banque coopérative, 21,1 millions sont sociétaires d’une mutuelle d’assurance, entre 11 et 16 millions sont bénévoles dans des associations, plus d’1 Français sur 4 adhèrent à une association.

Cependant, les Français qui adhèrent à une organisation ou entreprise de l’ESS l’ignorent parfois et n’exercent pas systématiquement les droits et les devoirs que leur octroie leur qualité d’adhérent au sein de leur association, coopérative ou mutuelle. Or il s’agit d’un enjeu central pour que le projet de l’organisation soit en adéquation avec les besoins de ses membres.

Les associations

Les associations sont des sociétés de personnes dotées d’une personnalité juridique depuis le 1er juillet 1901. Certaines sont reconnues d’utilité publique. L’association participe ainsi directement au bien commun et à l’amélioration de la société civile.

Les mutuelles

La mutuelle d’assurance est la propriété collective de ses membres. Elle doit agir dans leur intérêt dans des domaines variés. Les membres sont impliqués dans les décisions grâce au droit de vote. La mutuelle de santé, au moyen des cotisations versées par ses membres, mène des actions de prévoyance et garantit à ses membres le remboursement de tout ou partie du coût de leurs soins. Ici aussi les adhérents jouent un rôle dans la gestion de l’organisme de prévoyance.

Les coopératives

« Les coopératives constituent un modèle d’entreprise démocratique fondé sur des valeurs de responsabilité, de solidarité et de transparence. Ce sont des sociétés de personnes ayant pour finalité première de rendre des services individuels et collectifs à leurs membres. Des engagements réciproques et durables se nouent entre la coopérative et les membres qui sont à la fois associés et clients, producteurs ou salariés. »

Les fondations

« La fondation est l’acte par lequel une ou plusieurs personnes physiques ou morales décident l’affectation irrévocable de biens, droits ou ressources à la réalisation d’une œuvre d’intérêt général et à but non lucratif. »

Alors oui face à l’avenir et à la jeunesse, pour contrer la crise capitaliste qui nous touche ; Faisons le choix de L’économie sociale et solidaire, Faisons le choix délibéré de l’humain et du réel.

Entre alliance et convergence,

Laurent Beaud

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