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le Kaléidoscope....
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8 octobre 2014

La solidarité entre villes et campagnes, entre le global et le local sont de vieux débats !

La question interroge citadins, néo ruraux et ruraux sur les formes humaines à inventer pour éviter les concentrations des villes et les désertifications de nos campagnes tout en redonnant à l'économie son véritable sens: un investissent créatif plutôt que spéculatif. Celle-ci était déjà au cœur de la réflexion de Jean Jaurès à la fin du XIXe siècle, à l’époque de la « première mondialisation ».

« Désormais la solidarité la plus nécessaire est celle de l’ensemble des habitants de la Terre » déclarait Albert Jacquard il y a quelques années.

Les premiers textes politiques de Jaurès concernant la question agricole datent du début de l’année 1887 ; il prend alors position dans le débat protectionniste à propos des prix du blé et du pain. L’article de La Dépêche du 29 janvier annonce une intervention parlementaire longue et argumentée le 8 mars suivant. Jaurès pose assez nettement le problème : « La question est redoutable, car elle met aux prises, au moins en apparence, l’intérêt des villes et l’intérêt des campagnes : les ouvriers ne veulent pas payer leur pain plus cher, et les producteurs de blé, qui bien souvent sont eux aussi des travailleurs, levés avant le jour, veulent vivre »

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Dans la vie des idées, Alain Chatriot s’est posé dans l’œil du tribun de Carmaux pour analyser le protectionnisme vis à vis des consommations alimentaires :

« Alors que les débats sur le protectionnisme européen agitent une large partie de la gauche française, il n’est pas inutile de porter un regard sur certaines prises de position qui ont divisé les socialistes à la fin du XIXe siècle. Relire les interventions de Jean Jaurès autour du protectionnisme agricole ne doit pas se comprendre comme une volonté d’ériger cette figure en référence des débats contemporains. Mais revenir à ces textes permet de repérer certains arguments et d’éviter ainsi les déformations d’une pensée politique.

Jean Jaurès face à Jules Méline ou à Paul Deschanel, l’image est célèbre et les discours parlementaires enflammés. Le débat sur le protectionnisme agricole durant les années 1880 et 1890 fait partie des grandes joutes oratoires de la IIIe République. Le tarif Méline de 1892 est en effet une pièce majeure de la législation économique du XIXe siècle, un commentateur américain jugeant même qu’il est « une part de la loi économique fondamentale de la IIIe République » . Dans un contexte de dépression économique et de nouvelles concurrences internationales, ces mesures protectionnistes permettent de protéger à la fois les agriculteurs et les industriels français. Les conséquences sont cependant multiples : le coût de la vie est renchéri, en particulier pour les ouvriers des villes, et l’impact de ce protectionnisme sur le développement et la modernisation économique a fait l’objet de nombreux débats.L’histoire de la politique française s’inscrit alors dans une dynamique mondiale, avec, entre autres, le tarif allemand de 1879, le tarif McKinley de 1880 aux États-Unis et le tarif japonais de 1899.

Jaurès, jeune parlementaire républicain, s’intéresse aux questions agricoles et en particulier à celle qui domine pour une large part le débat politique de la fin des années 1880 et du début des années 1890 : le protectionnisme. Son passage au socialisme, au tournant des années 1890, accompagne d’ailleurs ses prises de position successives sur le sujet. Sa dénonciation des limites d’un protectionnisme oublieux des questions sociales est constante, tout comme la défense des ouvriers agricoles et l’attaque contre les spéculateurs. La question de la justice sociale dans les mesures prises par la République semble très présente dans ses différentes interventions, et de plus en plus reliée à une nécessaire solidarité entre le monde ouvrier urbain et la « démocratie rurale », expression qu’il emploie à plusieurs reprises. (…)

Dans les années de préparation du tarif de 1892, Jaurès revient souvent sur les limites d’une politique protectionniste. Il entend en effet l’argument mais se méfie des conséquences sociales de ce type de mesures. Pour lui, débattre du protectionnisme est indissociable d’une réflexion sur la fiscalité, qui doit porter tout à la fois sur les taxes sur la consommation et sur la mise en place d’un impôt sur le revenu progressif.(…)

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Dans un célèbre débat de 1897, Jaurès condamne les conséquences d’un protectionnisme qui, sans réforme fiscale, ne favorise que les riches propriétaires et réduit les ouvriers à la misère :

« Et permettez-moi de vous le dire, Monsieur le président du Conseil, là est la contradiction essentielle de votre politique protectionniste. Pendant que par des tarifs de douane vous favorisez les producteurs, c’est-à-dire, dans une large mesure, les possédants, vous n’avez pas la force, vous n’avez pas le courage, vous n’avez peut-être pas la possibilité politique et sociale de demander aux classes possédantes, aux classes les plus riches, les sacrifices d’impôts qui seraient nécessaires, précisément pour accroître la consommation populaire dans la mesure où se développe la production nationale. […] C’est tellement vrai, que vous êtes obligés en ce moment de détourner par des lois, c’est-à-dire par des moyens artificiels, la classe ouvrière de la consommation des vins de raisins secs. Vous imaginez-vous, par hasard, que c’est par goût que la classe ouvrière va aux vins médiocres de raisins secs ? Elle y va par force, par nécessité ; elle va vers les produits de misère, parce qu’elle est elle-même une classe de misère ». (…)

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L’intervention sans doute la plus célèbre de Jaurès dans le débat sur le protectionnisme est celle faite dans le cadre d’une très longue interpellation du gouvernement sur la politique agricole, qu’il prononce en juin et juillet 1897. Les réponses proposées durant l’été et l’automne par Paul Deschanel et Jules Méline ont marqué les positions politiques sur ces questions. Le 19 juin commence donc cette série de grands discours , longtemps retardés puisque l’interpellation datait du 14 décembre 1896. Jaurès s’exprime d’abord nettement en faveur des ouvriers agricoles. Puis, sur le principe du protectionnisme, il rappelle fermement la position des socialistes :

« Du principe même du protectionnisme, je n’ai pas à discuter en ce moment. Les socialistes ne sont pas protectionnistes comme M. Méline, mais ils ne sont pas davantage libre-échangistes comme M. Léon Say ou comme M. Aynard. […] Le socialisme, c’est-à-dire l’organisation sociale de la production et de l’échange exclut, à la fois, et la protection qui ne peut guère profiter aujourd’hui qu’à la minorité des grands possédants, et le libre-échange, qui est la forme internationale de l’anarchie économique ».

Jaurès insiste sur la mondialisation des phénomènes économiques et sur les enjeux du bimétallisme dans les échanges internationaux et les variations du change. Jaurès prend alors aussi en compte les enjeux diplomatiques. Dès 1894, il dénonçait l’utilisation de l’argument patriotique par les libre-échangistes. En effet, ceux-ci plaidaient pour une levée de toute protection envers la Russie afin de garantir l’alliance franco-russe. Jaurès concluait alors ironiquement :

Au tournant des XIXe et XXe siècles, Jaurès participe pleinement au débat sur les droits de douane, mais refuse de s’y laisser enfermer. Il ne cesse en fait de souligner que le protectionnisme, s’il peut se concevoir, doit être utilisé en étant très attentif à ses conséquences sociales. Plus largement, il refuse que ce débat soit dissocié d’une réflexion sur la fiscalité redistributive. Dans une perspective socialiste, il plaide pour un interventionnisme étatique comme manière de contrer la spéculation, en particulier sur le marché du blé, si sensible du point de vue politique et social. »

Face à l'orientation vers la "grande consommation" d’aujourd’hui et face la production alimentaire intensive, certaines solutions sont possibles, pour que notre alimentation se délivre  des grands lobbies financiers industriels de l'agroalimentaire.

La production alimentaire locale a devant elle un avenir certain car elle fait partie d'une logique économique et écologique,  au contraire de l'agroalimentaire qui entraîne une surconsommation de matériel, d'énergie, par ses logistiques de transports et de conservation alimentaire (congélation, réfrigération, irradiation) coûteuse ...au détriment de la qualité réelle des produits.

Le kaléidoscope avait déjà travaillé Vers la nécessaire conversion à l ‘Agroécologie et les circuits courts… 

Alors, vive les AMAP ! De nouvelles orientations sont indispensables avec  les outils coopératifs !

Des outils coopératifs au service d'une économie alimentaire locale de qualité doivent et devront permettre:

- d'alimenter nos régions

- de faciliter les achats en commun de terre  destinée à l’alimentation, les outils pour des achats de petits matériels (ex: serres)  pour les jeunes souhaitant s'installer, les échanges de services (SEL et monnaie locale complémentaire).

- d'impliquer les consommateurs à devenir partenaires,  travailler en étroite coopération avec les associations de parents d'élèves qui veulent faire évoluer la qualité alimentaire des cantines scolaires pour la santé de leurs enfants.

- de travailler sur une nouvelle orientation alimentaire et sortir de nos habitudes de production et de consommation d'après guerre : trop carnée, trop lactée et ainsi éviter la suppression constante de nos paysans dirigée par les intérêts du pouvoir mécaniste industriel.

- de favoriser une agriculture moins coûteuse en énergie et en investissement matériel (petit maraîchage).

- d'organiser des rencontres pour la mise  en place de magasins de vente de produits locaux et réguler ainsi l'offre et la demande  en réseau. (une charte définissant les enjeux du développement de la production locale)

-  de redéfinir le travail des intermédiaires au service de la citoyenneté: impliqués dans la médiation et le suivi de l'information. Les intermédiaires organiseront des rencontres, des évènements pour que la production   s'adapte à  la demande croissante de la consommation alimentaire de qualité.

- de sensibiliser par  un travail pédagogique une nouvelle orientation de l'agriculture et du maraîchage à taille humaine et sociale en relation avec des professionnels qui vivent la réalité économique du travail de la Terre et les jeunes  voulant sortir des ghettos des villes, ce sera un moyen de résister à l'exode des jeunes de 18 à 35 ans dans nos zones rurales. Des magasins ou centre d'université citoyenne dans lesquels les producteurs viendront parler de leurs produits, de leur travail et leur besoin en main d'œuvre.

Alors, Réinventons une agriculture paysanne, locale et citoyenne d'avenir ! Réinventons d’autres façons de penser !

Du champ à l’assiette ! De la fourche à la fourchette !

Laurent Beaud

P.S. Sinon, cultivez vous-mêmes ! Si j’arrive à faire murir des tomates en plein cœur de ville de Montpellier… tout le monde peux le faire ;-)

2014-09-15 19

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