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le Kaléidoscope....
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16 décembre 2014

Et Si...

Il y a des mots prononcés un certain « 21 avril » que plus personne ne souhaiterait réentendre… Cependant, beaucoup de choses ont changées, et plus que jamais les crispations, et leurs lots de vieux démons ressurgissent. Je crois que ce jour là, le peuple de gauche n’avait pas vu venir le couperet. Beaucoup ont pleuré, ont crié, puis se sont réfugié derrière les derniers retranchements d’un vote dit « républicain », car cela ne devait pas arriver ! Les perspectives pour 2017 n’annoncent encore une fois rien de bien fameux, et bien au contraire : les résultats des dernières élections ont exprimé un profond dégoût pour la chose publique ; l’absence d’expression, l’abstention, peuvent se traduire par bien des messages ! Mais pire que cela, les mentalités ont muté, les spectres ont tenté de revêtir des apparences plus soyeuses, plus « respectables », et les réalités économiques et sociales d’un système capitaliste en fin de course ne parviennent plus à rendre tonus et confiance en nos idéaux démocratiques.

Lionel Jospin, qui entre nous fut l’un des plus intègres des dirigeants que nous ayons eu, déclarât ce soir là : «  Le résultat du premier tour de l'élection présidentielle vient de tomber comme un coup de tonnerre. Voir l'extrême-droite représenter 20 % des voix dans notre pays et son principal candidat affronter celui de la droite au second tour est un signe très inquiétant pour la France et pour notre démocratie. Ce résultat, après cinq années de travail gouvernemental entièrement voué au service de notre pays, est profondément décevant pour moi et ceux qui m'ont accompagné dans cette action. Je reste fier du travail accompli. Au-delà de la démagogie de la droite et de la dispersion de la gauche qui ont rendu possible cette situation, j'assume pleinement la responsabilité de cet échec et j'en tire les conclusions en me retirant de la vie politique après la fin de l'élection présidentielle. Jusque-là, je continuerai naturellement d'exercer ma fonction de chef du gouvernement. J'exprime mes regrets et mes remerciements à tous ceux qui ont voté pour moi et je salue les Français que j'ai servis de mon mieux pendant ces cinq années. J'invite les socialistes et la gauche à se mobiliser et à se rassembler dès maintenant pour les élections législatives afin de préparer la reconstruction de l'avenir. ». Les mots claquaient durement, puis la peur et le désespoir s’effaçaient, quelques jours plus tard, derrière un soulagement en demi-teinte. Les Français, qui n’osaient y croire, s’étaient dit finalement que cela fût impossible au pays des Lumières et des Droits de l’Homme.

Existait-il des signes avant-coureurs à la catastrophe annoncée ! Jean-Marc Lech s’était confié, quelques temps avant cette élection, à Sophie Coignard dans Le rapport Omerta : « En 1981, la signature de la campagne, « La force tranquille », symbolise le changement. Mais cette fois, ça ne dure même pas deux ans. Début 1982, quatre législatives partielles sont gagnées par la droite, suivies de cantonales et de municipales catastrophiques pour la gauche. Là, les communicants comprennent que faire rêver les gens avec des promesses démagogiques et intenables est dangereux. (…) Le public est déçu par la politique. Ce n’est plus le discours des élus, des ministres, mais la conjoncture économique qui fabrique le moral des Français. Le contenu politique devient secondaire et tout se joue sur l’image. (…) à cette époque, les candidats dépenses des sommes folles en campagne de pub, en affiches, etc. Cet excès de communication signe donc aussi le début des affaires financières en politique, parce qu’il faut trouver de l’argent, beaucoup d’argent. ». En 2014, alors qu’un nouveau François est aux manettes, saura t-il lire le message dans sa profondeur et dans le sens répétitif de l’histoire? Néanmoins, quelque chose a radicalement changé ; Aujourd’hui la droite est caricaturale de ce qu’elle fut par le passé, en compromission permanente et démagogique au pas possible. Elle ne saurait devenir un rempart fiable au Front National avec le retour sur le devant de la scène de Nicolas Sarkozy, en raison de sa porosité sur le fond des idées.

Loin de moi, l’idée ou l’envie de faire ou de refaire du catastrophisme plus qu’il n’en faut, mais il vient un temps où chacun d’entre nous commence à redouter que le « Si » devienne une réalité glaciale que nous n’aurions pas pu prévoir, que nous ne pourrions pas supporter. Il semble que les forces de gauche s’effacent progressivement de l’alternative humaniste et collective qu’elles pourraient créer dés à présent au détriment des sentiments individualistes et dépressifs d’une société qui ne sait plus, qui ne croit plus dans le politique. Il est important de bien comprendre que le sens du progrès social, du socialisme, c’est de proposer cette alternative, cet autre modèle de développement économique, social et écologique. Il est important de bien comprendre que l’analyse politique d’un Jospin il y a 15ans reste plus que jamais d’actualité, car la droite tient toujours des discours de plus en plus démagogiques, et que la gauche est plus que jamais divisée.

Pour ne pas perdre sur un « deuxième round » où l’issue de secours est condamnée! 

Dans l’optique que le « Si » de l’hypothèse ne se transforme en situation du crédible, du possible ou du probable, il convient de se projeter en avant pour savoir ce qu’il en serait. Les stratégies de ripostes ne fonctionnent plus ; il s’agit sans tarder de proposer, de construire une échappatoire à ce Front National, qui entre populisme et conservatisme, joue à souffler sur les braises chauffant une cocotte minute prête à exploser. Au delà de leur discours classique « vous avez déjà essayé les deux versants du bipolarisme, essayez la troisième voie que nous proposons », du bien connu « UMPS : c’est bonnet blanc et blanc bonnet, regardez de toutes les façons ils appliquent la même politique », le FN se plait désormais à travailler sa « respectabilité » face aux « tous pourris » avec le double objectif de ne pas s’étendre sur la politique qu’il souhaite réellement mener, et pousser plus encore les déçus à aller à la pêche le jour du vote (ce qui l’arrange bien, l’abstention faisant gonfler son score en valeur relative et ses chances de l’emporter).

Dans la Revue Socialiste n° 45/46 du premier trimestre 2011 Pascal Perrineau décrypte un hypothétique retour gagnant du Front National via un travail de sape pour revaloriser son image : « Certes, tous les fondamentaux du discours de l’extrême droite de toujours sont là : le discours apocalyptique (« l’état de notre pays est catastrophique »), la dénonciation des élites (« l’aveulissement de nos classes dirigeantes »), la diabolisation d’ennemis extérieurs (« le monstre européiste », la « mondialisation identicide », « l’hyper-classe mondiale », l’islamisme…), la désignation d’ennemis intérieurs (un Président qui ne serait que « le gouverneur d’un protectorat américain », le « Tchernobyl moral », les « féodalités », les « communautés », les « individus déracinés »…) et l’appel à une rupture salvatrice (« la grande alternative »). Mais, au-delà de ces références classiques, Marine Le Pen tente d’introduire dans le dispositif idéologique de son parti de nouveaux thèmes destinés à le rendre plus « respectable » et intégrable dans le système démocratique et républicain. Pour cela, elle met en avant la République, l’État, la laïcité et les droits de l’Homme et du citoyen de 1789. Jusqu’alors, le Front national avait montré plutôt de l’hostilité ou des réticences vis-à-vis de ces éléments du patrimoine politique français. Avec beaucoup d’opportunisme, la nouvelle présidente du Front national n’hésite pas à vanter les charmes des « hussards noirs de la IIIe République », des « grands commis de l’État », des « résistants de 1940 », de Jean Jaurès… L’Etat « protecteur et efficace » devient une véritable litanie dans un discours où la puissance publique est parée de toutes les vertus : celle de « garant de la laïcité, de la prospérité et des libertés », celle de « la solidarité et de l’équité », celle de la défense du « patriotisme économique » et du « patriotisme social »… Tout cela pour finir en une péroraison où l’État est mis au cœur de tout : « la clé c’est l’État, il faut retrouver l’État », « l’État est devenu la colonne vertébrale de la France que nous aimons ».

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Alain Bergounioux, l’historien chantre du compromis et de la social-démocratie, quant à lui dans Le changement pour maintenant… et pour demain (2011),  exprimait l’extrême nécessité de créer « un projet de société qui prescrit la solidarité en son cœur  et un programme de gouvernement apte à relancer une croissance soutenable, à réduire les inégalités les plus fortes, à redresser nos finances publiques », pour finir par déclarer dans un entretien dans l’opinion le 15 septembre 2014 : « La mondialisation , les concurrences accrues, l’européanisation des politiques et, surtout, le fait que l’Etat social coûte plus cher avec moins de croissance, tout cela place tous les gouvernements socialistes en position défensive. Lorsqu’il y a moins à redistribuer il y a une déception dans l’électorat de gauche qui demande dans le même temps plus de pouvoir d’achat et moins d’inégalité. Et donc, il y a une difficulté plus grande dans l’exercice du pouvoir. On l’a déjà entrevue dans les années Jospin alors que la croissance était plus forte. »

Alors, que se passerait-il si la France gommait le « A » et le « N » de Marianne en 2017 ?

Pour le savoir, Propulsons nous, faisons un peu de politique-fiction en s’appuyant sur les déclarations et les évènements du passé !

"En France, l'extrême droite et Marine Le Pen sont aux portes du pouvoir", a lancé le 7 septembre dernier Manuel Valls, s'appuyant sur un sondage donnant Marine Le Pen en tête au premier tour de l'élection présidentielle en 2017. La présidente du Front national entrerait même à l'Elysée si elle se trouvait face à François Hollande au second tour, selon ce même sondage. Cette victoire fut avant tout le symptôme du malaise démocratique. «Ce vote, c’est une défiance à l’égard de l’Europe (…) des partis de gouvernement, de la majorité comme de l’opposition, (…) à l’égard de la politique», avait noté François Hollande dans une allocution au soir du vote, sans prendre toute la mesure de la déflagration. Ou de l’incapacité des partis traditionnels à parler la même langue que leurs concitoyens. Manuel Valls, dans son discours de politique générale, avait, lui, posé un implacable constat sur le divorce entre les Français et leurs représentants : «Beaucoup de nos compatriotes n’y croient plus. Ils ne nous entendent plus. La parole publique est devenue pour eux une langue morte.»

Tout d’abord, il serait à constater que si cela arrivait, l’état de la société actuelle, gangréné par un individualisme récurant, n’aurait pas su donc répondre à la situation par un sursaut républicain. Sans être Nostradamus, la frustration et la colère des uns, et la « décomplexation » des autres donneraient lieu au mieux à des violences urbaines, au pire à des émeutes sanglantes. En effet, nul doute que les français issus de l’immigration, que les militants de la gauche et de l’extrême gauche se proclameraient « en résistance » face à l’inacceptable. D’autre part, les franges les plus dures de ce nationalisme franchouillard et identitaire, à l’image d’un Gabriac en verve se plaçant en tête de proue des troupes brunes, ne manqueraient pas de vouloir en découdre pour fêter la victoire. Le massacre du 17 octobre 1961, Malik Oussekine en 1986, ou l’assassinat de Clément Méric en 2013, restent dans toutes nos mémoires comme de sourdes déflagrations et ne peuvent laisser présager autre chose.

Sur le fond, avec le FN, la France prendrait d’abord ses distances avec l'Europe. Sur le plan monétaire, "la France doit préparer, avec ses partenaires européens, l’évolution de l’euro, qui deviendrait une monnaie commune, coexistant avec le franc, qui serait rétabli", a-t-on entendu lors des dernières élections européennes. Cela sous-entend également une "remise en cause des accords de Schengen sur la libre circulation des personnes afin de reprendre le contrôle de ses frontières".

La préférence nationale, chère à Jean-Marie le Pen existerait sous le terme de "priorité nationale". Pour l'emploi, le logement et les aides sociales, les étrangers n'auraient pas les mêmes droits que les Français. Comme réclamé dans un communiqué de 2014,  Marine Le Pen entamerait un durcissement du Droit d’asile et supprimerait la gratuité de l’hébergement le temps des études de dossier des demandeurs. Mesure plus symbolique mais forte, le drapeau de l'union européenne ne serait plus autorisé dans les bâtiments publics. Enfin, la loi française primerait sur les traités européens. Certains emplois dits "de souveraineté" seraient réservés aux personnes ayant la nationalité française. Enfin les étrangers vivant en toute légalité sur notre territoire, seront "incités à retourner dans leur pays" au bout d'un an d'inactivité.

Concernant les grandes évolutions sociétales, il est également inscrit dans le programme du front national que "le libre choix des femmes doit pouvoir être celui de ne pas avorter".

En matière de justice, on notera le retour de la peine de mort par référendum et des peines alourdies pour le racisme anti-français.

Mais il faudrait aussi trouver la relève de Marine le Pen. Car le FN promet de soumettre à référendum une révision de la Constitution prévoyant un mandat unique de 7 ans pour le président de la République.

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Nous pourrions élargir cette fiction à bien d’autres domaines, mais nous serions bien trop long ! Et il est temps de proposer une politique profondément populaire de gauche, tel que nous l’avaient signifié les français en 2012.

Et si… vous vous inquiétez, à défaut vous ne pourriez dire que vous n’avez pas été prévenu !

Amitiés Progressistes

Laurent Beaud 

En Post Scriptum, le kaléidoscope invite à lire et à faire lire la nouvelle Matin Brun du nîmois Franck Pavloff à destination des plus petits comme des plus grands. Extraits « Pour les chats, j'étais au courant. Le mois dernier, j'avais dû me débarrasser du mien, un de gouttière qui avait eu la mauvaise idée de naître blanc, taché de noir. C'est vrai que la surpopulation des chats devenait insupportable, et que d'après ce que les scientifiques de l'Etat national disaient, il valait mieux garder les bruns. Que des bruns. Tous les tests de sélection prouvaient qu'ils s'adaptaient mieux à notre vie citadine, qu'ils avaient des portées peu nombreuses et qu'ils mangeaient beaucoup moins. Ma fois un chat c'est un chat, et comme il fallait bien résoudre le problème d'une façon ou d'une autre, va pour le décret qui instaurait la suppression des chats qui n'étaient pas bruns. Les milices de la ville distribuaient gratuitement des boulettes d'arsenic. Mélangées à la pâtée, elles expédiaient les matous en moins de deux. Mon cour s'était serré, puis on oublie vite. (…) On n'avait plus grand-chose à se dire, on s'était quittés mais avec une drôle d'impression. Comme si on ne s'était pas tout dit. Pas trop à l'aise. Quelque temps après, c'est moi qui avais appris à Charlie que le Quotidien de la ville ne paraîtrait plus. Il en était resté sur le cul : le journal qu'il ouvrait tous les matins en prenant son café crème ! (…)  J'avais repris ce jour-là un café avec Charlie, mais ça me tracassait de devenir un lecteur des Nouvelles Brunes. Pourtant, autour de moi les clients du bistrot continuaient leur vie comme avant : j'avais sûrement tort de m'inquiéter. Après ça avait été au tour des livres de la bibliothèque, une histoire pas très claire, encore. Les maisons d'édition qui faisaient partie du même groupe financier que le Quotidien de la ville, étaient poursuivies en justice et leurs livres interdits de séjour sur les rayons des bibliothèques. »

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