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le Kaléidoscope....
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29 mars 2015

Congrès de Poitiers: Pour réussir, faire le choix de l'audace et de l'espoir!

En 2015, c’est le 77ème congrès du Parti Socialiste ! Il se tiendra du 5 au 7 juin 2015 à Poitiers. Entre tradition et modernité, les composantes de la rose et du poing vont devoir (ré)apprendre à échanger, à débattre pour (re)construire un corpus idéologique adapté au monde du XXIème siècle, et actualiser les combats à mener par le parti, qui se réclame encore comme étant le cœur de la gauche française. Alors que les socialistes sont aux manettes depuis 2012, le congrès arrive à point nommé - à la mi-mandat de François Hollande - pour tirer les premiers bilans de l’action présidentielle et gouvernementale et jeter de nouvelles orientations pour les trois années à venir afin de relancer l’économie et penser une société qui ne peut en rester là.

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Alors qu’à l’accoutumée, l’événement se tenait dans l’entre-soi et ne parlait qu’aux adhérent-e-s, qu’aux militant-e-s (et encore, pas à tous !), il est à concevoir, à présager que cette fois-ci le congrès - ses grands débats, ses choix, ses prises de positions et de paroles - sera bien plus observé par le monde extérieur (médias, autres formations politiques, et/ou tout simplement les français-es…) en raison des distorsions, des divergences, entrevues autour de la loi Macron, et de son passage en force via le 49/3.

En effet, beaucoup se sont questionnés, se sont interrogés, sur ce qui n’était en réalité qu’une résurgence de la tradition socialiste du débat, une tradition de la contradiction cultivée depuis plus d’un siècle entre réformateurs et révolutionnaires, mais qui ne transpirait que rarement dans l’hémicycle lorsque la gauche exerçait les responsabilités (une préférence vers le légitimisme imposé par la Vème république !). Les réactions autoritaires de l’aile droite, se recroquevillant sur elle-même n’annonçaient rien de bon ; Et ce n’est pas la sortie du gouvernement d’EELV en même temps que celles d’ Hamon ou de Montebourg qui ont permis de dire que le Parti Socialiste qu’ils souhaitent, deviennent une force de rassemblement. S’ils désirent la jouer à l’américaine, ou plutôt à l’anglaise versus Tony Blair (désir de rayer de son vocable « ce » qu’elle considère de « passéiste » et de « socialiste »), inquiètent celles et ceux qui ne voient pas dans la ligne sociale-libérale les bonnes recettes pour répondre aux urgences, aux maux des crises dans lesquelles nous sommes plongés. Les pansements ou l’hypnose n’ont jamais remplacé les remèdes pour détruire les souffrances de notre pays.

Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques à l’Université de Lille, dans un entretien à Challenges du 23 mars 2015, explicitait tout cela : « La base militante a subi une forte hémorragie. Le chiffre officiel de 140.000 totalise les adhérents, qui souvent ne militent pas. Aux Etats Généraux, en décembre, seulement 60.000 militants ont voté. Et l’élection de François Hollande n’a provoqué aucun sursaut militant, notamment en raison de l’organisation des primaires. Beaucoup se disent : à quoi bon adhérer si je peux voter pour désigner le candidat socialiste. En plus, la politique du président en a déçu beaucoup. (…)

Manuel Valls peut-il se remettre d’un tel échec ? Il a une stratégie de la terre brûlée. De fait, Manuel Valls a intérêt à détruire le vaisseau socialiste pour espérer le reconstruire après 2017. Sans frondeurs et vers le centre-gauche. Il est habile. Il va enjamber le prochain congrès du PS en évitant l’affrontement. Et il attend que le parti se délite pour pouvoir mieux l’assainir. »

Il faudrait donc croire que la stratégie de certains serait d’alimenter la dispute, d’attiser les flammes au risque de se bruler, de se rendre de moins en moins audible et de plus en plus incolore… d’être attentistes pour profiter d’une société en débris.

La défiance grandissante envers la chose publique et l’abstention persistante lors des dernières échéances électorales, ont favorisé la visibilité et d’une certaine façon l’acceptabilité potentielle des idées nauséabondes et dangereuses prônées par l’extrême droite, et ce en raison de la présence discontinue du Front National sur  le devant de la scène médiatique. Que dire de la reprise des discours populistes par une droite aux abois qui n’a plus rien de républicain, qui semble n’avoir trouvé que cela pour continuer à exister ! N’ont-ils pas compris que la copie ne supplantée jamais l’original ! Les différentes gifles électorales de ces deux dernières années ne sont pourtant en réalité que des résultantes d’une énorme déception, un espèce de « je n’y crois plus » des classes populaires et moyennes, un cri de témoignage « muet » relatant un mécontentement latent. Les modèles d’expressions populaires ont sans doute muté, le silence des urnes a remplacé le cri de la rue et ceux de la grève générale.

Naturellement, l’on ne peut pas dire que les résultats économiques et sociaux, attendus par tous, soient bons, même s’il ne faudrait pas oublier un certain nombre d’avancées concernant l’économie sociale et solidaire, la transition écologique ou bien même l’agriculture (Mais tout cela reste fragile, tout cela reste instable dans l’esprit des gens tant elles pourraient être remises en question aussi vite qu’elles sont apparues).  Depuis l’élection de François Hollande en 2012, et les attentes suscitées par « le changement » promis, bon nombre de nos concitoyens semblent restés sur leur faim, marquent une impatience, et réclament à chaques occasions une véritable politique de gauche assumée.

Dés lors, historiquement il n’existe qu’une seule réalité immuable : la Gauche française ne gagne, ne réussît, ne réalise que lorsqu’elle est unie. Le rassemblement que chacun doit appeler de ses vœux n’est possible que sous couvert de la recherche collective du progrès et de justice sociale. Enfin, le rassemblement ne se construira pas à la façon du petit cheval de Georges Brassens « tous derrière et lui devant », mais uniquement par l’intermédiaire d’un contrat accepté et acceptable par tous. Il convient de se mettre à la tache pour construire les bases de celui-ci.

Un Congrès de Poitiers : Comment et Pourquoi?

De façon classique, le congrès a démarré par l’écriture de multiples contributions générales et thématiques qui forment traditionnellement la base des débats. Ces textes plus ou moins longs balayent l’intégralité des sujets et ont généralement pour buts d’analyser et de formuler des propositions, des projets politiques détaillés ou plus globaux. Pas moins de 27 contributions générales seront présentées, soulignant les différentes sensibilités présentes au sein du PS. Début juin, le parti se réunira à Poitiers pendant trois jours pour fixer ses orientations. Au préalable, les adhérent-e-s auront voté pour des textes d’orientation appelés motions, ayant réalisés la convergence et la synthèse des contributions aux approches similaires et/ou aux points de vues partagés.

L’état des lieux actuel des courants et des chapelles en 2015 et l’analyse des messages politiques transmis par les français-es  laisse sous-entendre un débat intense. Dans un article du Figaro, Thomas Guénolé, politologue et maître de conférence à Sciences Po nous livre sa perception : «Toute communauté humaine développe une culture comportementale, et le PS ne fait pas exception. On peut donc faire des pronostics crédibles en examinant les congrès du parti depuis 2002. Deux grands scénarios sont alors les plus probables: la grande synthèse bancale, ou le grand duel.(…) Si l'on raisonne sur les divergences idéologiques, il y a trois grands blocs au PS. Les sociaux-libéraux, tels que Manuel Valls, acceptent la mondialisation libre-échangiste: ils veulent y adapter la France par une politique de l'offre et de l'austérité budgétaire. Les socialistes, tels que Benoît Hamon, veulent remplacer le libre-échange par le protectionnisme: ils veulent par ailleurs une politique de demande, et plus largement une relance keynésienne. Entre les deux, les sociaux-démocrates, tels que Martine Aubry, hésitent entre le modèle du libre-échange et celui du protectionnisme, avec comme priorité de politique intérieure la réduction des inégalités par davantage de redistribution des richesses. (…) Pour la gauche, la question cruciale n'est pas là. Le problème fondamental, c'est que la gauche ne peut gouverner qu'unie. Et elle ne peut être unie que sur un programme commun, dont le centre de gravité corresponde au point d'équilibre de toute la gauche. ». A méditer !

Il y a trois ans lors du congrès de Toulouse, avait surgi avec surprise une motion en forme d’appel positif, une motion portée alors par Stéphane Hessel et Pierre Larrouturou, intitulée « Oser. Plus Loin. Plus Vite. ». Parmi les premiers signataires de ce texte, je vous ai livré durant près de trois années dans le Kaléidoscope, bon nombre de mes analyses et autres suggestions sur un panel de sujets divers et variés selon le prisme de nos développements d’idées. Le fonctionnement du Parti Socialiste et de son congrès qui amène à considérer les motions comme des phénix qui meurent avant chaque congrès et renaissent sous d’autres formes de leurs cendres (la phase de recomposition étant celle des contributions).

Contribuer ! Réfléchir ! Débattre ! Poursuivre les combats anciens et faire naître les luttes à venir ! Proposer ! Soutenir !

En considération de l’analyse des situations et dans ma volonté de faire vivre davantage mes convictions, j’ai participé à l’écriture, au soutien, à la construction de plusieurs contributions : Oser un écosocialisme solidaire et démocratique  et Le choix de l’espoir : vive la Gauche !

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Oser un écosocialisme solidaire et démocratique est le fruit d’une convergence entre Oser. Plus Loin. Plus Vite. et la sensibilité Démocratie & socialisme. Des animateurs des deux regroupements, actant une proximité idéologique et politique, notamment sur la redistribution des richesses et sur le partage du travail, ont donc fait le choix de travailler à une contribution commune dans la perspective du congrès de Poitiers. Nous avons en effet conscience de la nécessité d’un sursaut pour notre parti et pour toute la gauche. Un sursaut apte à offrir une alternative à la politique du gouvernement. Conscients que celle-ci est une impasse pour sortir de la crise – car elle a échoué partout où elle a été appliquée -, nous voulons collectivement éviter le pire et appelons à une mobilisation des militants et des adhérents du PS pour appliquer la politique attendue par nos électeurs. Nous désirons contribuer à faire émerger un rassemblement vaste de tous les socialistes souhaitant réorienter le PS vers un nouveau modèle de développement, vers les salariés et la jeunesse, pour surmonter le chômage de masse et pour la transition écologique. Bref fixer le cap qui aurait dû être celui du parti depuis les victoires de 2012 et qui relancera le progrès social.

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« Cette contribution est le premier acte d'un rassemblement de la gauche autour d’un projet socialiste répondant concrètement à l’urgence sociale et aux défis environnementaux, autrement dit d’un projet écosocialiste. Ce projet permet de sortir du dogme de la croissance productiviste. Il apporte une réponse crédible au chômage de masse et au problème de la dette, tout en offrant une perspective de long terme pour mener la transition écologique et la redistribution des richesses. C’est en assumant pleinement la mise en œuvre d’un nouveau modèle de développement que nous pourrons sortir de la crise. La survie de notre parti en dépend. La victoire de Syriza en Grèce est la démonstration qu’une gauche audacieuse, progressiste et européenne peut l’emporter. Pour construire une Europe sociale, un changement de politique s'impose. La fin du mandat de François Hollande devra s’appuyer sur une majorité Rouge, Rose, Vert et sur les autres forces de la gauche, pour être aux avant-postes du projet écosocialiste.(…)

Nous devons réaffirmer nos valeurs républicaines en paroles et en actes en s'opposant à tout recul social. Alors que la déflation nous guette, la « politique de l’offre » du gouvernement est une impasse. Avec 27 millions de chômeurs en Europe, nous ne sommes pas confrontés à une insuffisance de l’offre mais bien à une crise de la demande liée à la montée des inégalités.

Pour permettre à chacun de vivre dignement, il faut relancer la réduction du temps de travail, afin de travailler tous et mieux. La baisse du « coût » du travail et la défiscalisation des entreprises conduisent à une politique de rigueur suicidaire pour l’économie européenne. Nous n’avons plus les moyens de supporter le coût d’un capital aux exigences de rentabilité excessive. Nous avons besoin de financer des projets de relocalisation de l'activité intégrant des contraintes écologiques en contradiction avec les intérêts de la finance de marché.

Puisque le secteur privé est défaillant, la puissance publique doit prendre le relais et mener à bien la transition écologique. La justice fiscale ne doit plus tolérer une concentration de revenus qui déstabilise notre économie. Notre système monétaire adossé à la dette publique et privée doit être corrigé pour permettre un financement prospère de l’activité à l’abri des krachs boursiers. Bref, nous devons choisir entre libéralisme et éco-socialisme. La cohérence de notre projet repose sur un choix de civilisation mobilisant les citoyens. C’est pourquoi, nous proposons une VIe république et sa constituante. Ainsi, nous pourrons poursuivre le projet républicain et répondre aux aspirations démocratiques de la population… »

Faire le choix de l’espoir !

Engagé dans la voie du rassemblement Vive la Gauche ! je pense qu’il faut comprendre en profondeur l’impasse dans laquelle le néo-libéralisme mondial nous engage afin que les socialistes aient bien la claire volonté de l’affronter et non de s’en accommoder.

Notre Congrès ne doit pas être un simple rituel, ni même un affrontement de personnes. Il doit être le lieu d’un débat sur les idées et sur les choix. Il y a plusieurs options au sein du Parti Socialiste. Vive la Gauche ! est une première étape d’un rassemblement large nécessaire au sein de notre Parti. Vive la Gauche ! a en permanence fait des propositions concrètes au sein du Parlement, au sein du Parti, et dans le débat public. Et si l’on en croit un récent sondage, une majorité de français ont une bonne opinion des « frondeurs ».

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L’urgence, c’est de  définir un programme d’action pour réussir la fin du quinquennat, un programme bien sûr différent des projets d’inspiration libérale qui ont pour seul but la réduction des déficits publics et l’affaiblissement des droits des salariés.

Il faut pour cela un Parti Socialiste qui renoue avec l’esprit du Bourget, qui mène la bataille des idées, et qui travaille au rassemblement de la gauche. Or notre  Parti est tétanisé, et le plus souvent en situation de n’amender qu’à la marge des orientations qu’il n’a jamais discutées. Quant aux divisions actuelles de la gauche, nos partenaires sont-ils seuls responsables de cette situation ? Pour nous, il est clair que la politique gouvernementale divise. Elle divise les socialistes, elle divise toute la gauche.

Nous proposons de nous concentrer sur trois grandes mesures : Réaliser enfin une réforme fiscale pour l’égalité, relancer l’activité et réussir la transition énergétique par des investissements d’avenir, mettre les banques au service de l’économie réelle.

L’heure des choix arrive ! Ou nous poursuivons dans la lignée de la politique menée actuellement, et nous allons dans le mur ! Ou bien nous en revenons aux orientations adoptées par notre Parti en 2011 et aux engagements de 2012, et alors nous pourrons retrouver la confiance des salariés et de tous nos concitoyens et rassembler la gauche, pour reprendre la marche en avant que la gauche a toujours su impulser dans  notre pays !

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Que le débat s’ouvre ! Faites les bons choix!

Amitiés Progressistes et Socialistes,

Laurent Beaud

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