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le Kaléidoscope....
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20 octobre 2015

Faites attention, ça va exploser!

Halte à la supercherie ! Oui, disons-le clairement : les citoyen-e-s de ce pays ne croient plus aux faux-semblants, aux belles paroles de bonimenteurs, aux promesses non tenues. Depuis quelques décennies déjà, notre modèle démocratique est mis à mal. Non pas par les populistes qui ne font que cultiver les angoisses et les peurs pour mettre en place leurs funestes stratégies électoralistes, mais bien par la tromperie de certains politiciens qui consiste à tout promettre et à rarement mettre en œuvre.

S’il est un constat qui reste indéniable, c’est bien que la République que nous connaissons est à bout de souffle. S’il est sans doute vrai que les institutions sont à revoir dans leurs ensembles, le contenu – qui est à tort ou à raison dénommé pacte républicain – ne peut plus rester systématiquement déconnecté des réalités économiques et sociales de ce pays.

La hausse constante de l’abstentionnisme -  résultante de cette incapacité à convertir des paroles en actes – n’est que l’annonce avant-gardiste d’une colère sourde et profonde qui risque fort de se transformer en révolte. Le poids des mots étant important, je vous accorderai que je préférerai à la révolte la révolution.

En effet, la révolution est le bouleversement brusque et général d’un régime politique, social en vue de reconstituer la société sur des principes nouveaux opposés à celui du régime renversé, de substituer un ordre nouveau à l’ordre ancien. Elle se distingue de la révolte, qui est le plus souvent sans programme et qui n’a pas de substitut positif de remplacement, par son organisation, sa visée et la réalisation d’institutions nouvelles ; elle engendre de nouvelles structures sociales et un changement plus ou moins radical des valeurs fondamentales de la civilisation. Et Jean Jaurès déclarait « Il ne peut y avoir de révolution que là où il y a conscience » ! Alors oui soyons plus que révoltés, soyons conscients, soyons révolutionnaires !

Le point de rupture est t’il déjà atteint ?

Dans Choses vues, Victor Hugo affirmait : « Les grandes révolutions naissent des petites misères comme les grands fleuves des petits ruisseaux. » Et si pour la chemise d’un DRH, Valls et Macron avaient gratté l’allumette de trop afin d’incendier les derniers chiffons rouges français. En effet, comment considérer l’attitude d’un gouvernement -  se prétendant le cœur à gauche – qui vise à conforter une direction s’apprêtant à licencier près de 3000 salariés, et ce sans aucun mea-culpa quant aux mauvais choix réalisés dans sa gestion, tout en s’acharnant sur des syndicalistes qui pris de mauvais sang ont cisaillé la chemise de celui sensé annoncé la bonne nouvelle.

Pour moi, il s’agit quelque part des risques du métier. Si un ouvrier du BTP se pète la gueule du troisième étage du chantier, c’est un accident du travail dû aux risques du métier ! Alors pourquoi finalement, ne pas considérer qu’un DRH qui se fait malmener parce qu’il va flinguer des familles, cela ne fait pas parti des risques de son job. Si l’on peut considérer que le premier n’a pas vraiment choisi son destin, ce n’est que rarement le cas du second !

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A vrai dire, il est à concevoir que la trahison poursuit son chemin sournois en raison de la mise en place permanente d’une politique en direction des revendications patronales et des diktats de la troïka. Vive l’austérité et halte aux semeurs de troubles ! Et pendant ce temps là, circulez il n’y a rien à voir, vous n’êtes pas invités ! Entre honte et mépris, l’exemple d’Air France lève au grand jour la saleté des décisions prises en petit comité où le fusillé n’est pas convié à son procès. Alors trop facile pour les grands de se plaindre et d’abraser au passage le monde salarial et syndical, le petit peuple tout en le rendant responsable de la noirceur de la situation dans laquelle il se trouve plongé.

Dans Discours de la servitude volontaire, La Boëtie n’a fait que faire le même constat : « Il y a trois sortes de tyrans. Les uns règnent par l’élection du peuple, les autres par la force des armes, les derniers par succession (...) s'ils arrivent au trône par des moyens divers, leur manière de régner est toujours à peu près la même. Ceux qui sont élus par le peuple le traitent comme un taureau à dompter, les conquérants comme leur proie, les successeurs comme un troupeau d'esclaves qui leur appartient par nature. (…) Les tyrans sont grands que parce que nous sommes à genoux : levons-nous ! »

Le problème avec les gouvernances successives, qu’elles soient libérales ou sociales-libérales, c’est qu’elles sont tout simplement libérales. Et n’en déplaise à Sire Macron (nous l’appellerons ainsi en raison de ses déclarations d’amour envers la monarchie) lorsqu’il déclare « le libéralisme est une valeur de gauche », la liberté ou la lutte pour l’émancipation, ce n’est pas le libéralisme qui aliène le travail des uns aux profits des autres, c’est le sens matérialiste de l’histoire de celles et ceux qui ont sué. Révisez vos classiques, Sire! A celles et ceux qui pensent que les décisions doivent être prises telles des opérations tapées sur les touches d’une calculatrice, et qui se contrefichent de aspect humain et social des réalités, je leur rétorque que les sans-dents ne pourront jamais être condescendants à la misère que le capitalisme et le patronat leur promettent.

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Rosa Luxemburg a raison lorsqu’elle dit dans Réforme sociale ou révolution ?: « Quiconque se prononce en faveur de la voie des réformes légales, au lieu et à l'encontre de la conquête du pouvoir politique et de la révolution sociale, ne choisit pas en réalité une voie plus tranquille, plus sûre et plus lente, conduisant au même but, mais un but différent, à savoir, au lieu de l'instauration d'une société nouvelle, des modifications purement superficielles de l'ancienne société (…) non pas la suppression du salariat, mais le dosage en plus ou en moins de l'exploitation. »

En 2012, dans son discours du Bourget, le candidat Hollande tançait « Mon ennemi, c’est la finance ! Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance. (..) Ainsi, la finance s’est affranchie de toute règle, de toute morale, de tout contrôle.... ». Le fin mot de l’histoire, nous le connaissons désormais. Il ne s’agit que d’une suite de reniements à des engagements qui ne seront jamais tenus : de la grande réforme fiscale à la séparation des activités bancaires, de la résolution de crise de la dette à la renégociation des traités européens, en passant par la lutte contre la fraude fiscale. La politique menée n’est point le changement promis, mais la continuité d’un modèle économique en bout de course. Il a dit que la finance est son ennemi, mais les dividendes des actionnaires ont augmenté de 60% en 5 ans; il voulait faire des la jeunesse une priorité mais les jeunes vivent plus mal que leurs parents. 

Tel Karl Marx et sa formule « les prolétaires n’ont plus rien à perdre que leurs chaines. Ils ont un monde à gagner », le monde du travail, la France de la précarité et des inégalités, d’aujourd’hui a de moins en moins à perdre. Il est difficile de ne point entendre la colère liée à la contradiction entre le dire et le faire. La litanie antisociale distillée par ce quinquennat est sans fin. Plutôt que de mettre en place un véritable plan de lutte contre le chômage, nous avons droit à un lame de fond visant à préserver le capital et ses rentes au détriment des conquis sociaux et des protections salariales. La place n’est plus aux pragmatiques, ni aux réalistes, elle est maintenant celle des audacieux.

Le fameux dialogue social vendu comme clé de voute du Hollandisme a du plomb dans l’aile. Peut-être que pour une chemise –mais peut-être pas seulement - la rupture est consommée entre les classes populaires et moyennes, le syndicalisme ouvrier, ce gouvernement et le Parti Socialiste qui le soutient tel le mouton suit le berger qui va le mener à l’abattoir. En sens des responsabilités et en respect pour notre démocratie, plutôt que de faire organiser un simulacre de référendum - aux buts populistes et électoralistes - par Monsieur Cambadélis, il aurait mieux valu que le président de la république invite les françaises et les français à se prononcer sur sa politique économique et sur le volet social de celle-ci.

La vérité est que François Hollande est le représentant ultime d'une génération politique fascinée par Mitterrand – il ne s’en cache point d’ailleurs - et qui, sans avoir ni sa finesse, ni sa culture, a confondu le cynisme et le talent, désappris tout ce qui ressemblait à de la loyauté, du courage, de la profondeur et en est renduite aux déclarations d'estrades, au serment de canton, aux complots d'arrière-boutiques. Un machiavélisme middle-class.

Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, l’a bien compris, et après avoir refuser de porter l’estocade sur la réformes des retraites complémentaires – pour rappel il s’agit de sous revaloriser les pensions, d’allonger de faits encore les durées de cotisations…-  il annonce qu’il boycottera la conférence sociale. Les derniers miasmes du syndicalisme ouvrier (malheureusement il faut bien le voir ainsi) refuseront de participer à une énième opération de communication au service du gouvernement, déplorant que les sujets majeurs ne sont pas pris en compte, comme le temps de travail et les salaires…

« Faites attention, ça va exploser ! »

La main de François Hollande refusé par un métallo, un militant qui jette un yaourt sur Macron, une autre qui l’accuse d’assassiner les chômeurs… La tension monte. Dans un entretien au Journal du Dimanche,  Philippe Martinez s'en prend directement à Manuel Valls à qui il reproche son attitude dans le dossier Air France. « Depuis ces événements, le Premier ministre s'entête à ignorer les salariés. Pas un mot pour les 3.000 futurs licenciés. Pas un mot après que cinq salariés ont été réveillés par la police devant leur famille et gardés à vue plus de trente-six heures comme des malfrats de la pire espèce ». Au passage, même Cahuzac ou Thévenoud n’ont pas eu droit au zèle des services de police.

Le syndicaliste assure avoir prévenu le gouvernement que l'exaspération des salariés allait croissant. Aux ministres, « on leur dit : 'Faites attention, ça va exploser'. Ils nous répondent de calmer les salariés mais on n'est pas les pompiers de service, on n'est pas là pour réparer les bêtises du patronat ou du gouvernement (…) quand on n'est jamais écoutés, qu'on risque de perdre son boulot et qu'il y a six millions de chômeurs, on ne va pas prendre ça avec le sourire ».

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Alors non ! Non, nous ne sourions pas ! Nous revendiquons la révolution citoyenne indispensable à la rupture, nous revendiquons la mise en place d’un nouveau modèle de développement économique, social et écologique !

Jacques Testart, dans sa dénonciation des dérives de nos sociétés au travers de l’ouvrage Le mur, le vélo et le citoyen écrivait « Chasser le gogo qui est en chaque citoyen, faire en sorte que ceux qui n'utilisent pas (ou trop peu) leur citoyenneté se réveillent, refusent les conditionnements aliénants et exigent de vivre autrement, c'est en cela que consisterait la révolution dans une République qui nous propose les moyens de la citoyenneté. ». Et Jean-Luc Mélenchon dans un discours le 18 octobre 2010 définissait: « La révolution citoyenne, c'est une révolution dans les têtes et dans les cœurs et pas seulement dans le quotidien de la lutte sociale et politique. ». 

Si ça devait exploser, prenez gare, car Gramsci avait prévenu «  Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître, et dans ce clair-obscur surgissent les monstres »… Et les monstres sont déjà à l’œuvre.

Amitiés progressistes,

Laurent Beaud

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