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le Kaléidoscope....
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16 février 2013

Pensions alimentaires....

A l’heure où une grande majorité de français sont désormais citadins, il devient de plus en plus difficile pour eux de comprendre la réalité d’un monde rural en pleine mutation, qui cherche à tout prix à éviter sa perdition au profit d’un système agroalimentaire mondialisé. Qui ne s’est jamais retrouvé face à sa progéniture à devoir répondre à des questions aussi subtiles que «  Comment fabrique t’on le lait ? » ou « Pourquoi les poissons panés sont ils carrés ? » ! Ces interrogations posent les problématiques de la perception et de l’adoption par les nouvelles générations de la culture alimentaire du « tout prêt » et de façon plus globale des modes de vie contemporains.

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De façon connexe, cela nous impose de réfléchir au plus vite pour corriger les conséquences inquiétantes de ces comportements de masse et changer les directions prises en matière de développement de l’agriculture, de l’élevage ou de la pêche. La production industrielle alimentaire à outrance, l’organisation des outils et des moyens pour celle-ci et la distribution à grande échelle avec pour but de toujours produire plus, consommer plus et gagner encore plus d’argent ne peut mener qu’à des dérives.

Le scandale  du « Cheval »  dans des produits surgelés estampillé « 100% pur Bœuf »  et l’ampleur européenne que prend cette affaire ne démontre pas autre chose. Au delà des questions strictement sanitaires, l’action de supercherie, de tromperie révèle encore une fois que l’agroalimentaire n’a pas retenu les leçons du passé et s’acharne à masquer une bien triste réalité, celle d’une rupture entre une société de consommation de masse et un monde rural essoufflé, parfois dépassé, dans cette folle course poursuite aux rendements.

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De toute évidence, le recours à la fois aux produits « tout prêt » par la famille dite  « moderne » qui ne prend plus le temps de cuisiner, qui ne sait plus, et l’acceptation inconsciente de non respect de la saisonnalité ou de l’équilibre des repas qu’elle prépare, dictée par le marketing de la grande distribution, doivent soulever en nous toutes ces questions. N’oublions pas qu’il semble absurde de s’imaginer que l’industrie agroalimentaire ne l’a pas compris, que la crise économique actuelle ne l’aurait point touché et qu’elle n’utiliserait pas les recettes de la mondialisation. Alors il faudra bien répondre un jour  à toutes ces questions : est-il logique de manger des fraises en décembre ? Doit-on manger de la viande à tous les repas ? Est-il normal de se fournir (et avec autant d’intermédiaires) en viande bovine douteuse (à plus de 3000kms) pour fabriquer un plat surgelé, alors que les vaches de l’Aubrac (à deux pas de là) remportent chaque année des médailles au salon de l’agriculture ?

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Il y a peu encore, ici même, je vous interpellais et appelais à une nécessaire conversion à l’Agroécologie.  Il est à croire que les mesures préconisées par Oser. Plus loin, Plus vite. sont inévitables pour éviter ce genre de scandale alimentaire  arrive, il faut pouvoir maitriser la qualité et la diversité de notre alimentation. Pierre Rabhi et le Mouvement des Colibris ont poursuit la réflexion dans cette même direction et ont analysé les choses dans le même sens.

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« La modernité a édifié une civilisation souvent "hors-sol", déconnectée des lois et des rythmes du Vivant (…) Aujourd’hui, le rythme d’érosion de la biodiversité est 100 à 1000 fois supérieur à ce qu’il serait sans l’empreinte de l’Homme. Nous vivons la sixième extinction majeure de la biodiversité terrestre et pour la première fois, celle-ci s’explique par l’impact d’une seule espèce sur toutes les autres. L’humain, par son empreinte écologique démesurée, est en train de mettre en péril l’équilibre du Vivant et de compromettre ainsi sa propre survie. En réduisant notre empreinte écologique et en réadaptant nos modes de vie au rythme et à la capacité biologique de la terre, il est possible de retrouver l’équilibre. L’Agroécologie est une alternative fondamentale permettant de replacer l’humain au cœur d’un système intégré, en harmonie avec la terre, le végétal et l’animal.
  
Pour satisfaire les objectifs de production de l’économie mondialisée, nous avons cherché à produire toujours plus et toujours plus vite. En agriculture, la terre est dopée et maltraitée pour fournir de tout, toute l’année et en quantité industrielle. (…) Comment se fait-il qu’en dépit de nos prouesses technologiques nous ne soyons pas en mesure de répondre à notre besoin le plus vital ? Pourquoi à l’ère de la surconsommation et du superflu, la perspective d’une pénurie alimentaire mondiale n’a-t-elle jamais été aussi proche ? Que faire pour reconquérir notre sécurité alimentaire ? 

La faim n’est due ni à une fatalité, ni à une situation géographique ni à un phénomène climatologique. Elle est avant tout une conséquence des politiques économiques imposées par les pays développés et leur aspiration à accroître leur hégémonie, ni plus, ni moins que l’application stricto senso du libéralisme économique et la concurrence internationale.
Les subventions à la production et aux exportations des pays du Nord leur permettent d’inonder les marchés du Sud de produits à bas prix, concurrençant les produits locaux.
Les pays du Sud abandonnent leur diversité et leur souveraineté alimentaires pour se tourner à leur tour vers des cultures d’exportation plus compétitives. Le résultat fait que ni le Sud ni le Nord ne sont plus capables de répondre à leurs propres besoins alimentaires. L’U.E. ne produit que 25% de ses besoins alimentaires en protéines végétales et demeure totalement dépendante du commerce extérieur pour les 75% restants. Les denrées agricoles sont considérées comme de simples marchandises susceptibles d’accroître les profits des entreprises et le PNB de la nation. Les semences sont modifiées afin de répondre à des critères de rentabilité maximale. (…)

L’agriculture intensive est la plus dispendieuse que l’humanité n’est jamais pratiquée.

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Le marché agricole mondial est désormais concentré entre les mains de quelques multinationales privées, plongeant dans la dépendance et l’insécurité alimentaire la quasi-totalité des peuples de la planète. Le modèle alimentaire encouragé par les gouvernements les plus puissants et par les organismes internationaux est celui de l’agriculture intensive, productiviste et à grande échelle, considérée comme étant la seule viable et adaptée à un monde globalisé. De multiples petites structures à taille humaine produisant une alimentation diversifiée de qualité doivent être privilégiées. Cultiver soi-même son potager ou acheter des aliments locaux, biologiques et de saison sont des alternatives d’avenir. »

L’analyse sociologique des comportements de consommation alimentaire dans nos sociétés dites développées laisse également pantois. Il est assez triste de voir que l’argent et l’économie incitent et dirigent inexorablement et quasi systématiquement les plus modestes à consommer des produits de piètre qualité. D’un simple regard autour de soi, il est impossible de ne pas constater dans les pratiques une corrélation entre le niveau de vie, le niveau d’éducation des populations et la qualité intrinsèque des aliments consommés. Pour les plus aisés, les achats sont réalisés au marché, à la boutique bio et/ou chez les artisans commerçants ; les classes moyennes se rendent massivement dans la grande distribution pour remplir leurs caddies ; Quant aux plus pauvres, ils se contentent le plus souvent de se servir chez le Hard Discount de proximité. La notion de lieux, de points de vente ou de distribution ne suffit toutefois pas à elle seule à expliquer les distorsions. Il n’est à mon sens pas acceptable de voir un « même produit » être décliné sous plusieurs formes qualitatives, tel que cela est pratiqué actuellement par les grands groupes de l’agroalimentaire et de la distribution, en fonction du prix que le consommateur peut mettre.

L’étude « l’alimentation comme dimension spécifique de la pauvreté » réalisée par l’ONPES a relaté et développé de par ailleurs cette approche de lien à causalité. « La pauvreté, qu’elle soit appréhendée à partir de critères monétaires ou non monétaires, a une répercussion sur l’alimentation des ménages. L’alimentation occupe, en effet, une position spécifique chez les ménages défavorisés par son importance dans le budget total. L’analyse du statut nutritionnel permet de mettre en évidence des inégalités d’ordre socio-économique, mais aussi au sein d’une même famille. La relation forte entre éducation ou revenu et consommation alimentaire se retrouve dans l’approche sociologique de l’alimentation des populations défavorisées. Ainsi, l’obésité touche davantage les catégories les moins favorisées de la population. Et l’étude des pratiques du régime alimentaire fait émerger la singularité de l’alimentation et de ses significations en milieu défavorisé »

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Alors oui, il faut radicalement changer nos visions et nos actions sur ces sujets. L’Agroécologie est la solution incontournable pour résoudre ces équations à plusieurs variables. Bien au delà des principes existants de solidarité, les notions d’exclusion ou de préférence en matière d’alimentation  doivent être bannis, il nous faut de toute urgence rétablir une certaine forme de simplicité et d’égalité en ce qui concerne l’accès de l’humain,  d’où qu’il vienne et quelque soit sa richesse, à l’alimentation de qualité.

Laurent Beaud

P.S.:" Notre cerveau est comme un petit village d'Afrique victime de l'exode rural; il y a des cases vides" Jonathan Muchemblé

Sortie du Film "Pierre Rabhi, au nom de la terre" prévue le 27 mars 2013.

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