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le Kaléidoscope....
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15 janvier 2013

De la nécessaire conversion à l’Agroécologie.

L’année 2013 s’élance et le même mot reste sur toutes les bouches, le mot Crise. Nous utilisons ce terme à toutes les sauces : crise économique, sociale, politique, financière, de la dette, du logement et nous pourrions décliner bien plus que cela. Le vocable finit par faire perdurer un climat pesant et nous entraine dans la spirale infernale du malaise et du pessimisme.

Bien sûr, il ne s’agit pas là de nier les problèmes existants, et il en existera toujours, mais bien au contraire de poursuivre une réflexion positive pour trouver des solutions ambitieuses à ceux-ci. Nos desseins doivent réellement portés vers la recherche d’avenir meilleur pour les générations futures et je me refuse de céder à nos enfants une société qui soit aussi peu porteuse de vie que ce que l’on veut nous faire croire.

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Toutes les études récentes montrent que le dérèglement climatique est plus rapide et a des conséquences plus graves que ce qu’on annonçait il y a 5 ou 10 ans. L’ensemble des pays occidentaux continue à produire chaque année plus de gaz à effets de serre. La Chine inaugure chaque semaine une ou deux centrales au charbon. En Sibérie, le dégel du permafrost 1 libère dans l’atmosphère d’importantes quantités de méthane... Bilan ? La production de CO2 et de méthane augmente chaque année et l’océan en stocke moins que prévu... Si rien ne change, nous risquons bientôt de franchir un seuil après lequel il sera très difficile ou impossible de faire marche arrière.

Si le chômage continue à détruire notre cohésion sociale, la crise écologique qui frappe à nos portes pourrait bien tout emporter. Jamais nous n’avons été confronté à un tel péril. Faire du catastrophisme n’avançant à rien, Il est nécessaire que nous réagissions rapidement tous ensemble. Il se trouve que la solution à la crise écologique est aussi un des moyens de vaincre le chômage car les énergies renouvelables et l’agriculture biologique vont créer de l’emploi et nous libérer de la dépendance aux énergies de stock (pétrole et gaz en particulier). Le sommet de Rio sur l’environnement a été un échec mais rien n’empêche la France de s’engager activement sur la voie de la transition énergétique afin d’anticiper l’épuisement du pétrole et de se convertir à l’agroécologie qui associe le développement de l'agriculture à la « protection‐régénération » de l'environnement naturel. Elle n’en sera que plus forte pour peser dans les forums internationaux et prendre le leadership dans le domaine des énergies renouvelables et promouvoir une production alimentaire compétitive de qualité. 

En 2008, jean Paul Jaud dans son film documentaire  Nos enfants nous accuseront , nous racontait l'initiative du village gardois de Barjac, qui décida de faire passer la cantine scolaire au bio, conscient du danger sanitaire qui menace une jeune génération exposée aux pesticides déversées chaque année sur notre pays. Quatre ans plus tard, le réalisateur poursuivait son travail, nous transmettant le portrait de Severn Cullis-Suzuki qui enfant avait bouleversé par son ton de parole lors du sommet de Rio en 1992 et qui devenue aujourd’hui mère conserve grand optimisme quant aux solutions possibles refusant de se lamenter.

Les français sont fiers de leur gastronomie. Toutefois, selon une étude récente du CREDOC il s’avère que les habitudes alimentaires et les différences culturelles face à l’alimentation s’amenuisent et ce de manière très inquiétante chez les 3-14ans.  En effet le français d’aujourd’hui est plus que largement citadin et ses modes de vie ont eu tendance à d’un côté oublier les équilibres culinaires naturels liés à ses racines régionales et de l’autre à dénaturer ses relations avec le monde agricole et le travail de celui-ci. Aujourd’hui, le modèle agricole français naît des années 1950, qui s’était donné pour objectif d’accompagner tout à la fois le phénomène du Baby Boom et de la mondialisation de l’économie  n’est plus soutenable. Il est primordial que nous nous convertissions rapidement à  l’ « Agroécologie ».

Le terme agroécologie ne fait pas encore vraiment partie des dictionnaires. Il a pourtant été utilisé pour la première fois en 1928 par Basil Bensin, un agronome américain d’origine russe. En 1995, Miguel Altieri, professeur à l’université de Berkeley en donne la définition suivante : « L'agroécologie est la science de la gestion des ressources naturelles au bénéfice des plus démunis confrontés à un environnement défavorable ». Le débat autour des OGM, relancé par la publication de l’étude Gilles-Eric Séralini, s’est inscrit dans la contestation de la culture intensive issue de la révolution verte des années 1960. Ainsi désormais deux conceptions de l’agriculture s’affrontent. D’un coté, une approche que l’on pourrait qualifier de scientifique qui s’appuie sur la mise au point de variétés à haut rendement, les engrais chimiques, la mécanisation, les herbicides er les pesticides. De l’autre, une approche écologique tout aussi scientifique mais qui privilégie les équilibres entre le milieu naturel et l’agriculture. Pas d’engrais chimique, pas de pesticides, ni d’herbicides, ni d’OGM. Pas même de labourage aussi, dans certains cas. La surprise vient des rendements qui, semble-t-il, ne sont pas si différents sur le long terme entre les deux approches.  

Oser. Plus loin. Plus vite. conscient de l’enjeu, avait pris le temps d’expliquer quelques unes des raisons qui font de cette approche la plus humaniste mais aussi la plus saine en terme de sécurité sanitaire, d’échanges équitables et de respect de la biodiversité.

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Pour nos enfants, pour nous même, il faut :

«  Recombiner agriculture et élevage est le socle d’une politique agricole française responsable afin de régénérer la biodiversité. La réhabilitation des agroécosystèmes passe par un retour à la diversification de l’activité agricole dans les exploitations et par la rotation des sols. Le respect des équilibres naturels est une priorité autant environnementale que sanitaire pour nos régions agricoles. Cela implique d’en finir avec la surconcentration animale qui émet des fleuves de polluants comme en Bretagne ou la monoculture qui dégrade les sols et défigure les paysages. C’est aussi une source d’emplois pour nos régions parce qu’une agriculture diversifiée nécessite plus de bras et de compétences.

Autoriser la culture des variétés oubliées les plus adaptées aux terroirs impose de briser le carcan juridique qui limite la commercialisation et la culture des semences. Cela impose également de ne pas permettre le brevetage du vivant.

Concentrer les exploitations agricoles sur le bio ou les appellations d’origine protégées ainsi que sur une agriculture hautement productive à forte valeur ajoutée et environnementale. Pour que le contribuable français accepte de continuer à financer l’agriculture à l’aide de subventions, celle‐ci va devoir produire un environnement sain et protégé ainsi que des aliments de bonne qualité. Il faut favoriser les circuits courts producteurs‐consommateurs, gage de respect du travail des producteurs et de modération des prix pour les consommateurs.

Systématiser l’achat de produits agroécologiques via les marchés publics pour la restauration collective (des écoles, des entreprises, des hôpitaux...) et transférer massivement les subventions de la PAC vers une agriculture de qualité. C’est ainsi que nous tiendrons l’engagement de défendre un budget européen ambitieux pour l’avenir de l’agriculture (engagement n°6). L’Etat stabilisera ainsi les prix pour les agriculteurs tout en permettant l’accès à tous aux produits de l’agriculture biologique. L’absurdité du système actuel veut que chaque année, 10 % de produits bio supplémentaires sont importés en France pour pallier l'insuffisance de la production. Alors que nous étions les premiers il y a vingt ans, les cultures bio ne représentent actuellement que 3 % de notre production agricole.

Recourir à des contrats négociés localement par les collectivités locales en évaluant le potentiel du terroir permettra le rapprochement des producteurs et des consommateurs à travers un approvisionnement en circuits courts « du champ à l’assiette », mais assurera aussi la promotion des indispensables programmes de protection de l’environnement. L’émergence d’un réseau de centrales d’achat qui sera capable de rivaliser avec ceux de Carrefour, d’Auchan, Leclerc ou de Monoprix obligera ces derniers à revoir leurs marges prohibitives.

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Soutenir les réseaux informels comme les AMAP (Association Pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) est un complément indispensable qui en leur permettant d’atteindre une taille critique garantira l’achat d’une part de la récolte à venir en début de saison, la population agricole n’ayant plus d’autre souci que de produire des fruits et légumes de qualité afin de tenir son engagement. Ces modèles ne recourent pas à la publicité, n’arborent aucun logo, ou encore moins de label. Pourtant, ils tendent vers ce que pourrait être un véritable commerce équitable s’inscrivant dans une approche réelle de développement durable.

Mettre en place des quotas sur les produits excédentaires permettrait d’en finir avec les subventions de la PAC qui constituent un dumping inacceptable et destructeur pour l’agriculture vivrière des pays pauvres qui ne peut rivaliser avec l’exportation de nos surplus à bas prix. Environ 75 % du milliard d’individus qui souffre de malnutrition sont des agriculteurs contraints d’abandonner leurs terres et la culture vivrière pour rejoindre les bidonvilles. Mettre un terme à la surproduction aura aussi pour mérite de libérer des terres dans nos régions pour des prairies temporaires et des cultures fourragères au lieu de recourir à des importations. »

Pour conclure, j’userai des mots  de Vaclav Havel « c’est pour les enfants qu’il faut faire de la politique. C’est souvent à cause d’eux qu’on en fait pas, mais c’est pour les enfants qu’il faut faire de la politique. »

Laurent Beaud

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