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le Kaléidoscope....
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27 février 2013

Hommage à Stéphane Hessel, l'Homme Lumineux

La nuit dernière, un grand homme nous a quitté. Bien plus que  l’homme de « Indignez vous », Stéphane Hessel fut et restera un exemple, un symbole pour l’humanité toute entière. Une vive émotion, une immense tristesse me traverse  aujourd’hui  et je suis fier d’avoir pu l’accompagner modestement  dans son dernier combat idéologique, celui de la motion Oser. Plus Loin. Plus Vite. Je garderai en ma mémoire son engagement envers les plus démunis et son caractère joyeux. Voila ce qu’il nous écrivait il y a peu « Être libre ou se reposer, il faut choisir  écrivait Castoriadis. Nous avons choisi. Nous nous reposerons après…. Ce que nous faisons est juste et important. A chacune et chacun, tous mes encouragements pour la dernière ligne droite. Bien amicalement, Stéphane HESSEL ».

Comme il serait prétentieux (et très certainement incomplet au vue d’une vie si remplie) pour moi de lui consacrer un article biographique  et que bien des ouvrages ne manqueront pas de le faire, je préfère lui rendre hommage reprenant les mots de la chanson écrite en son honneur par HK et les Saltimbanks :

Je me suis levé un matin

Sombre jour de l'existence

J'ai levé la voix et le poing

Quand la règle était le silence

 

J'en ai vu monter dans des trains

Partir dans un brouillard immense

Je ne pouvais être ni complice, ni témoin

Je suis entré en résistance

 

P1020494-1

Une voie pavée d'espérance

Peuplée de femmes et d’hommes debout

Un choix, comme une évidence

Entre potence et corde au cou

 

Je suis revenu de si loin

Je rends grâce à mon étoile

La mort m'a oublié en chemin

A dora et a Buchenwald

 

93 ans je peux croire

Que ma fin n'est plus très loin

93 ans voici ma mémoire

Prenez en le plus grand soin

 

L'indignation obstinément

Dans un monde au garde à vous

Soyez de ceux qui marchent contre le vent

Mes amis, indignez-vous !

 

”Indignez-vous !”

C'est un vieux monsieur qui vous parle

Brandissant son étoile

 

P1020496-1

Pensez-vous donc qu'aujourd'hui

Les motifs de soulèvement nous manquent

Quand nos propres vies sont à crédit

Sous la dictature des banques

 

L'argent commande aux actionnaires

Eux-mêmes commandent aux présidents

Qui ordonnent aux gens ordinaires

D'exécuter bien gentiment

 

« Toute cette nourriture invendue

Jetez-la donc à la poubelle

Et au-dessus du tas d'ordure

Versez-moi dix litres d'eau de Javel »

 

Voilà le monde qui est le nôtre

Absurde, cruel, et sans pitié

Jusqu'à ce que frappe à notre porte

Ce maudit seuil de pauvreté

 

Les droits de l'homme mis en jachère

Vendus, en portions individuelles

Quand la crise alimentaire

S'éternise devant l'Eternel

 

Mais miracle quand des milliards

Sont trouvés dans la seconde

Pour sauver Maître dollar

Et tous les banquiers de ce monde

 

"Indignez-vous !”

C'est un vieux monsieur qui vous parle

Brandissant son étoile

 

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Nos chaînes sont certes moins visibles

Qu'aux sombres temps de l'esclavage

Mais nos esprits sont pris pour cibles

Qu'ont-ils fait de notre héritage

 

Compétition à outrance

Amnésie généralisée

Produits de consommation de masse

Pour une jeunesse anesthésiée

 

Il est grand temps, mes amis

De rallumer enfin les étoiles

Qui ont guidé toute sa vie

Ce vieux monsieur qui vous parle

 

P1020495-1

J'ai été cet arménien

Je suis toujours ce juif allemand

Je suis le peuple palestinien

La justice est mon seul camp

 

Soyez, citoyens sans frontières

De ces peuples qui se soulèvent

Contaminez la terre entière

De vos révoltes et de vos rêves

 

Indignez-vous, c'est votre droit

Et en mémoire de tous ceux-là

Qui meurent chaque jour de ne pas l'avoir

Ce droit est de fait un devoir

 

”Indignez-vous !”

C'est un vieux monsieur qui vous parle

Brandissant son étoile

 

 

Laurent Beaud

P.S. Un grand merci à Vincent Aïtzegagh de m’avoir transmis ces clichés.

Ci-dessous vous trouverez message de Pierre Larrouturou

 

Stéphane est décédé cette nuit. C’était un homme lumineux.

Ce fut un homme lumineux jusqu’au bout. Il y a trois semaines, il m’a appelé pour que je vienne le voir. Il était dans son lit. Son corps était usé mais son visage était toujours aussi souriant. Il savait que la mort pouvait advenir d’un jour à l’autre (cela fait plusieurs mois qu’il nous parlait de sa mort possible) mais comme Václav Havel qu’il aimait beaucoup, il voulait jusqu’au bout « contempler le miracle de l’être. »

Jusqu’au bout, agir pour la dignité de l’Homme et de la Femme. Un de ses plus grands regrets était de ne pas être parvenu à construire la Paix entre Israël et la Palestine. Juste avant Noël, lors d’un dîner amical, Christiane et Stéphane se demandaient encore quelle initiative on pouvait prendre pour ouvrir les yeux de ceux qui ne comprennent pas ce qui se passe en Palestine.

Jusqu’au bout, agir pour la dignité : même allongé dans son lit, il réfléchissait à ce que nous pouvions faire ensemble pour obliger les dirigeants de notre pays à mettre en œuvre les solutions de Roosevelt 2012. Nous pensions publier bientôt un petit livre (Répondez-nous !) et dans sa dernière interview au Nouvel Observateur, la semaine dernière, à deux reprises, il met en avant Roosevelt 2012 comme un des moyens de répondre à la crise du politique. Jusqu’au bout, alors que ses forces le quittaient, il aura porté cette volonté d’agir ensemble pour la justice, pour la dignité de l’homme et de la femme dans ce qu’elle a de très concret et de très matériel.

Mais jusqu’au bout, il aura porté aussi ce qu’il y a d’immatériel, de léger, d’inaliénable en chacune et chacun de nous : jamais un dîner ne se finissait sans que Stéphane ne récite un poème. Puis, dans le taxi, il me parlait du plaisir qu’il avait à retrouver Christiane : « J’ai beaucoup de chance d’avoir une femme aussi jeune - elle a dix ans de moins que moi - et aussi délicieuse que Christiane. »

Je ne sais comment nous pourrons consoler Christiane mais je pense que c’est nous qui avons eu beaucoup de chance de rencontrer Stéphane. Il avait dix ans de moins que nous. Il gardait au cœur une incroyable jeunesse. Lui qui avait connu tant de moments difficiles gardait une incroyable énergie et une Joie contagieuse.

A nous maintenant de reprendre le flambeau. En gardant la même intransigeance sur le fond et la même humanité dans le dialogue.


    Pierre Larrouturou

 

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