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le Kaléidoscope....
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14 mars 2013

Lettre ouverte lutte contre le chômage.

LETTRE OUVERTE AUX PARLEMENTAIRES DE L'HERAULT

Madame la Député, Monsieur le Député,

Si l’on en croit, les derniers chiffres publiés par l’INSEE, il y a quelques jours, le taux de chômage au sens du BIT s’établit à 10,6% de la population active française. Cela est effroyable. Pour rappel, le taux de chômage est en hausse depuis six trimestres de suite. Le dernier taux supérieur à 10 % avait été enregistré au deuxième trimestre 1999  et le record absolu, 10,8 %, a été atteint en 1994 et 1997. 

Si le retour à une croissance économique significative désirée et désirable n’est pas au rendez vous et si rien ne change dans l’approche politique actuelle concernant la lutte contre ce fléau, c’est 500 000 chômeurs supplémentaires qui s’ajouteront à ces chiffres d’ici fin mars 2013 et le sinistre record sera supplanté d’ici peu.

En Hérault, la situation est également plus que dramatique, le taux de chômage atteint 14,3%. Dans certains quartiers populaires de Montpellier, le chômage des femmes frôle les 60%. Dans le bassin d’emploi d’Agde/Pézenas, le taux est même de 16,8%, ce qui en fait l’un des plus haut de France. De façon plus globale, le Languedoc Roussillon se positionne à la dramatique dernière place du classement par régions. Notre territoire dispose de bien trop de richesses et de potentialités pour se satisfaire des taux de chômage les plus élevés de France.

En raison du contexte économique actuel, il serait dangereux, comme nous l’entendons parfois, de tout axer sur le tourisme et le High-tech qui sont indéniablement deux pôles d’activité majeurs de notre département. Le tourisme est bien trop dépendant du pouvoir d’achat des français, celui-ci étant en berne aujourd’hui et vraisemblablement pour quelques temps encore. Les hautes technologies n’ont aucun sens en l’absence d’une véritable politique d’industrialisation moderne. Même si de nombreux laboratoires de recherches sont présents à Montpellier, et ce notamment dans les domaines du vivant (Médecine, Pharmacie, Agronomie…), un indispensable effort d’intégration dans une filière complète est nécessaire pour pouvoir créer de l’emploi durablement. L’exemple de Sanofi doit nous faire réfléchir. Dans d’autres secteurs, de nombreux efforts sont encore à réaliser. L’agriculture (tout comme la pêche) de proximité doit être également promue dans une vaste stratégie de circuits courts.

Le président de la république, François Hollande avait invectivé « ma priorité, la seule, c’est l’emploi. ». Lors de ses vœux aux Français, il avait fixé le cap très clairement « toutes nos forces seront tendues vers un seul but : inverser la courbe du chômage d’ici un an, coûte que coûte ». Il y a encore quelques jours, dans un désir de rapprochement des préoccupations des françaises et des français, dans un déplacement à Dijon, il répétait que « la lutte contre le chômage était la mère de toutes les batailles ». Il n’est nul doute, comme le rapportent régulièrement les sondages, que les principales préoccupations des françaises et des français sont le chômage et le pouvoir d’achat. De toutes évidences, l’un sans l’autre (et inversement) sont indissociables.

Les réformes engagées par le gouvernement (Emplois d’avenir, Contrats de génération, Pacte de compétitivité, Banque publique d’investissement, nouvelle politique industrielle…) sont louables mais irrémédiablement insuffisantes pour enrayer le phénomène immédiatement.

Il faut réfléchir et agir plus fort, plus loin, plus vite dans la lutte contre le chômage.

L’Assemblée Nationale, représentation suprême et directe du peuple, ne peut elle-même passer au travers de ces défis. La gauche toute entière, le Parti Socialiste en particuliers,  n’a pas le droit à l’erreur. Les parlementaires doivent de toute urgence engager toute leur énergie dans ce sens. Si la pauvreté n’est pas un phénomène nouveau, la précarité aggrave la situation. Vu la gravité de la crise, vu la complexité et la diversité des problèmes à régler, c’est seulement en étant dans cet état d’esprit que vous réussirez à trouver les solutions adéquates. En l’absence de cela, la France va s’enfoncer et ne pourra pas éviter une crise sociale et une crise potentiellement catastrophiques.

Le 11 janvier 2013, le MEDEF a signé avec des syndicats minoritaires un Accord National Interprofessionnel sur l’emploi. Laurence Parisot exige que vous transcriviez cet accord dans la loi sans en changer une virgule. Le projet de loi de sécurisation de l’emploi viendra en discussion à l’Assemblée nationale à partir du 2 avril prochain et est déjà examiné par les différentes commissions permanentes Le gouvernement a souhaité que ce projet de loi soit examiné selon la procédure d’urgence, ce qui signifie qu’il fera l’objet d’une seule lecture dans chacune des chambres. En l’état, ce texte, rejeté par les deux principales centrales syndicales, la CGT et FO, organisations majoritaires, suscite une très vive inquiétude parmi les salariés. Est t’il acceptable que des « accords de maintien dans l’emploi » permettent aux employeurs de faire du chantage à l’emploi pour baisser les salaires et augmenter le temps de travail ? Est t’il acceptable que la mobilité forcée permette aux employeurs de muter un salarié sans limite de distance ou de temps de trajet ?  Est t’il acceptable que des dispositions facilitent les licenciements et permettent aux entreprises d’éviter à avoir à mettre en place des plans sociaux pour licencier ? Est t’il acceptable, une réduction des délais de recours pour les salariés qui contesteraient un licenciement ou des salaires non versés ?

Cet accord, cette future loi ne doivent pas être de simples outils d’amortissement de la crise. Ne bradons pas les droits des salariés sans contreparties. Amendez vivement le projet de loi  et Engagez rapidement une politique de transformation sociale et de progrès pour le monde du travail !

L’un des outils qui n’a pas encore été utilisé jusqu’ici reste celui de la réduction du temps de travail. La mise en œuvre des 35 heures entre 1998 et 2001 avait pourtant apporté la preuve, avec 2 millions d’emplois créés sur cette période, des comptes extérieurs en excédent et des comptes sociaux équilibrés, que le partage du travail est un levier d’action majeur dans la lutte contre le chômage. Dans un entretien au Nouvel Économiste, Michel Rocard repose la question de la réduction massive du temps de travail. « La réduction du temps de travail s’opère aujourd’hui, mais de façon anarchique et inégalitaire. Cela s’appelle le chômage. Pourquoi ne pas l’organiser en répartissant mieux le temps de travail ? D’autres solutions existent qui, de toute façon, posent le problème de la répartition des richesses. Mais quelle force de frappe politique peut ruer dans les brancards ? Les socialistes en auraient les moyens, ils n’en ont pas la volonté. La gauche de la gauche en aurait la volonté, elle n’en a pas les moyens. " Compte tenu du niveau de sous emploi en France Aujourd’hui, il faudra cependant nécessairement reprendre ce dossier si on veut pouvoir revenir à un horizon raisonnable vers des niveaux de chômage inférieurs à 5%.

D’autres pistes existent et sont à étudier. Le calendrier actuel des réformes engagées sur cette thématique ne peut se passer de l’organisation rapide d’Etats généraux de l’innovation et de l’Emploi. Il est important que toutes les solutions soient explorées tant au niveau national qu’au niveau local pour s’engager dans la lutte contre le chômage. 

Je vous prie d’agréer, Madame la Députée, Monsieur le Député, à l’expression de ma très haute considération

Laurent Beaud

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